L'évolution de la demande gazière à long terme reste la grande inconnue du marché mondial du gaz en raison des incertitudes majeures qui pèsent sur cette énergie, estiment lundi à Alger des spécialistes. Didier Holleaux, PDG de GDF Suez, soutient qu'en dépit d'un large consensus sur la nécessité d'augmenter la part du gaz naturel dans le mix énergétique mondial, force est de constater qu'en dehors de l'Asie, ce consensus n'est pas partagé par tous les pays consommateurs. Même en Asie elle-même, les centrales construites par la Chine, premier consommateur du continent, fonctionnent au charbon, faisant planer des doutes sur la demande gazière de la région, actuellement un marché très prometteur. ''L'âge du gaz ne se terminera pas faute de gaz, il le sera probablement pour d'autres raisons auxquelles nous devons être attentifs'', a-t-il dit lors du des travaux du 4ème symposium de l'AIG. Pour lui, ''des incertitudes majeurs pèsent sur le marché européen'' dans lequel opère son groupe, important client de Sonatrach en GNL. La prolongation des centrales nucléaires, la baisse du prix du charbon importé des Etats-Unis sont autant de facteurs qui vont accentuer ces incertitudes, relève t-il. ''Le gaz américain chasse le charbon hors Etats-Unis, et ce charbon importé à bas prix par l'Europe pour faire tourner les centrales électriques met sous cocon les centrales à gaz'', constate le patron de GDF-Suez. Selon le rythme du renouvelable, ''nous serons au bas de la fourchette'' en matière de prévisions de croissance de la demande gazière, et au plan mondial ce ne sera considérable, prévient-il. De son côté, l'ancien ministre de l'énergie, M. Nordine Ait Laoussine, partage cette projection que la demande gazière sur le vieux continent, marché traditionnel de l'Algérie, connait un déclin depuis 2008, en reculant chaque année de prés de 12%. Ce recul est attribué à la baisse du prix de charbon importé des Etats-Unis et au développement à outrance des énergies renouvelables fortement subventionnées. Il ajoute que le manque de convergence entre les marchés gaziers internationaux a entraîné des disparités dans les prix de cette énergie en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Pour mettre fin à ces disparités de prix il faut, selon cet expert international, une globalisation des marchés régionaux qui ne doit pas cependant conduire ni à une uniformité des prix ni à leur effondrement. L'offre en GNL, malgré les contraintes économiques liées au développement des projets, sera abondante et aura un impact significatif sur les conditions contractuelles qui évoluent vers une indexation spot, c'est-à-dire libre du prix du gaz, résume de son côté Daniel Champlon, président de Cedigaz. A l'avenir, '' l'évolution des prix vers une indexation spot, dépendra en fait des conditions du marché notamment de la disposition de GNL au prix spot'', soutient M. Champlon. Mais la globalisation des marchés GNL se heurte à de fortes incertitudes car les ressources sont disponibles mais leur mise en place sur les marchés est confrontée à des obstacles politiques, économiques, géographiques et environnementaux, conclut le président Cedigaz. L'Association algérienne de l'industrie du gaz (AIG) a ouvert dimanche à Alger les travaux de son quatrième symposium, tenu cette année sous le thème ''le gaz naturel, énergie du 21ème siècle : une transition à réussir''. Cette rencontre a été marquée par la présence de plus de 500 participants, dont une centaine d'experts étrangers, ainsi que 66 exposants parmi lesquels 23 sociétés étrangères.