La prise en otages de sept ressortissants français au Cameroun est en grande partie liée à l'intervention militaire au Mali, ont affirmé mercredi à Paris des politiques et des observateurs dont certains n'écartent pas l'objectif de médiatisation à des fins de rançons. Pour l'UMP (opposition), l'enlèvement des Français au Cameroun est lié à l'intervention de l'armée française au Mali et serait une manière de tester "la résilience" de la France. Selon Hervé Morin, député UMP de l'Eure, cet enlèvement est une manière de mettre la France à l'épreuve. "On voit bien à quel point la France doit être capable de supporter des coups et de recevoir des coups donnés par les réseaux terroristes. Depuis le début de cette crise, j'explique qu'on va tester la résilience de la société française" a-t-il opiné. L'ancien ministre de la défense a affirmé que même s'il s'agit d'un autre mouvement islamiste (Ansaru, en l'occurrence), toutes les mouvances djihadistes sont "reliées à cette même volonté de nous combattre, se trouvent dans différents pays africains et se jouent des frontières". Pierre Lellouche, député UMP de Paris, a comparé l'opération Serval "a un coup de pied dans la fourmilière", mais que "les fourmis se sont réparties sur un territoire immense, et qu'elles continuent à nuire" a-t-il estimé. Selon Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements islamistes, les groupes terroristes islamistes se sont récemment unis contre un ennemi, la France. "C'est le pays occidental qui intervient seul" au Mali, a-t-il expliqué, affirmant que les menaces contre son pays viennent de l'ensemble des groupes islamistes d'Afrique, des Shebab de Somalie jusqu'à Boko Haram : "On sait que les ressortissants français sont recherchés sur l'ensemble des pays de la région", a-t-il relevé. Tout en estimant que le rapt des sept Français vise à attirer l'attention de l'opinion publique française, l'universitaire a affirmé, dans des déclarations à la presse, que ce groupe a de la "sympathie" pour les groupes djihadistes du Nord-Mali. Dans son commentaire, Courrier International affirme que ce rapt était "prévisible". "Depuis l'intervention militaire française dans le nord du Mali [...], les autorités françaises savaient les risques accrus qui pesaient sur leurs compatriotes", a-t-il estimé. Sept personnes, dont quatre enfants, ont été enlevées mardi dans le nord du Cameroun, ce qui porte à quinze le nombre de ressortissants français retenus en otages en Afrique. Paris a refusé tout lien de l'intervention militaire avec ce dernier enlèvement. Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé que le lien n'"était pas établi" entre l'enlèvement de sept Français au Cameroun, emmenés depuis au Nigeria, et l'intervention française au Mali. Le porte-parole du Quai d'Orsay a noté que ce rapt constitue une "nouvelle preuve de la réalité de la menace terroriste, qui préexistait à l'intervention française au Mali", conseillant cependant que compte-tenu de l'engagement des forces françaises et tchadiennes au Mali, une vigilance accrue doit être observée par les Français se trouvant ou se rendant au Tchad, tout proche du lieu de l'enlèvement des sept Français, membres d'une même famille. Lors d'un forum-débat organisé le week-end dernier à Paris, le Collectif Sortir du Colonialisme, Survie et l'Association française de soutien aux peuples d'Afrique avaient prévenu que la logique de guerre au Mali risquait de déstabiliser le Sahel tout entier, par la dissémination des groupes armés et la présence de troupes étrangères offrant le prétexte idéale à de nouvelles prises d'otages et à la mobilisation de nouveaux djihadistes, parmi la population locale ou en provenance d'autres régions du monde.