L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) fête, aujourd'hui, le 57e anniversaire de sa création. Le secrétaire général de l'organisation a choisi de commémorer cet anniversaire dans la base de Tiguentourine à In Amenas où, récemment, des travailleurs ont fait face à des terroristes pour défendre l'outil économique et le pays comme l'ont fait les syndicalistes durant la Révolution. Selon des historiens, l'UGTA a été créée sur une proposition de Abane Ramdane pour mieux défendre les intérêts de l'Algérie et pousser les travailleurs qui se trouvaient au pays et en France à rejoindre le FLN qui combattait le colonialisme français. C'est dans ce contexte que naquit l'UGTA le 24 février 1956, en pleine guerre de Libération, avec l'objectif clairement déclaré de mobiliser les travailleurs pour lutter contre le colonialisme et son injustice. L'UGTA avait pour mission de faire participer les travailleurs à la lutte libératrice. Parmi les membres fondateurs de l'UGTA, on relevait Aïssat Idir, Ben Aïssa Atallah, Bourouiba Boualem, Djermane Rabah et Rabah Chouider. La centrale remporta un succès lors des premières élections de délégués du personnel, participa activement aux grèves et adhéra à la CISL (Confédération internationale des syndicats libres) mais la répression ne s'est pas fait attendre. Dès mai 1956, les principaux leaders sont arrêtés. L'UGTA poursuivit la résistance en plongeant dans la clandestinité et en élisant domicile à Tunis. Elle est présente au congrès de la CISL qui se réunit à Tunis en juillet 1957. L'organisation se fait connaître mondialement à travers le Bureau international du travail (BIT), l'ONU et les autres centrales syndicales. Le 8e Congrès, qui s'ouvre en juin 1990, fut un tournant décisif dans l'histoire de l'UGTA dans la mesure où les participants aux assises ont décidé de rompre avec toutes les tutelles, quelles qu'elles soient et d'où qu'elles viennent. Cette «libération» de l'organisation syndicale se traduisit rapidement sur le terrain des luttes sociales et économiques. Ainsi, un mouvement de grève fut déclenché les 12 et 13 mars 1991, suivi à plus de 90% dans toutes les branches d'activités. Cette partie de bras de fer fut à l'avantage de l'UGTA puisque dès début avril s'engagèrent des négociations entre le gouvernement Hamrouche et la délégation syndicale, conduite par Abdelhak Benhamouda. Elles aboutirent à la revalorisation du SNMG, l'augmentation des allocations familiales, l'assainissement financier des entreprises, l'approvisionnement en produits de large consommation, la stabilisation des prix et l'approvisionnement des entreprises en matières premières. Ces gains de la Centrale furent consacrés par la mise en place de la première «tripartite» qui consacrera des rapports formalisés de dialogue, d'échange et de négociation entre les partenaires sociaux. En décembre 1991, devant les menaces proférées ouvertement par l'intégrisme durant les élections législatives et sentant que l'Etat était remis en question dans ses fondements, Abdelhak Benhamouda avec d'autres personnalités politiques et syndicales créent le CNSA (Comité national de sauvegarde de l'Algérie) pour éviter l'effondrement de l'Etat républicain. Dorénavant, la centrale syndicale estime revendiquer à tous les niveaux la prise en considération de la dimension sociale, que ce soit dans les politiques développées au niveau national ou dans les grandes négociations avec des institutions régionales et internationales du type Union Européenne ou OMC. Dans cette optique, l'UGTA milite pour la concertation sociale chaque fois que cela est possible, tout en étant consciente des limites de ces dialogues.