Photo : S. Zoheir Par Mekioussa Chekir A commencer par sa naissance, le 24 février 1956, en pleine période coloniale, l'enjeu étant à l'époque de défendre les intérêts socioprofessionnels des travailleurs algériens qui, le moins qu'on puisse dire, faisaient l'objet de discrimination, d'exclusion et d'exploitation. Aussi l'existence d'une structure syndicale signifiait-elle avant tout l'émergence d'une conscience politique et militante chez les membres qui devaient en composer le premier noyau, puis chez ceux qui devaient l'élargir et en constituer la base. En créant l'UGTA, les Algériens entendaient s'affranchir du syndicalisme imposé par le colonisateur français avant d'être un vecteur important de la lutte pour l'indépendance du pays. Des noms historiques ont marqué cette période, à l'instar de Aïssat Idir, Ben Aïssa Atallah, Bourouiba Boualem, Djermane Rabah et Ali Yahia Madjid, lesquels composaient le secrétariat national. Mais c'est sans doute au lendemain de l'indépendance du pays que l'UGTA a eu un rôle prépondérant et a connu ses «années de gloire» pour avoir été, tout au long de la période du parti unique, un appendice indissociable du pouvoir politique. Exception faite des premiers mois ayant suivi la proclamation de l'indépendance, pendant lesquels des tensions sont apparues, la direction de l'UGTA a affiché ses intentions d'autonomie et sa volonté de prendre ses distances avec l'Etat, lequel, en revanche, ne l'entendait pas de cette oreille. Ainsi, la Centrale syndicale, sous la conduite de M. Djermane, s'est définitivement rangée du côté des décideurs et s'est de tout temps revendiquée des programmes socio-économiques que ces derniers avaient tracés dans l'optique de la reconstruction du pays. C'est ainsi qu'elle accompagna, entre autres, le processus de nationalisation des hydrocarbures en 1971 et est devenue un acteur «incontournable» pour les autres décisions importantes du pays. Le passage de feu Abdelhak Benhamouda à la tête de l'UGTA aura marqué, une nouvelle fois, cette quête d'indépendance et de faire de cet appareil un instrument au service exclusif des travailleurs. Un bras de fer s'était alors engagé entre ce dernier et Mouloud Hamrouche qui a fini par se solder par l'obtention d'acquis importants pour les travailleurs, notamment la revalorisation du SNMG. Avec l'assassinat de Benhamouda, c'est la «substance» même de l'UGTA que l'on avait ainsi assassinée. A l'ère du multipartisme, le rôle de l'UGTA a été en fait au cœur d'une remise en question dès lors que la question du droit à la liberté syndicale s'est crucialement posée et elle continue de l'être d'autant plus que le monde du travail est en éternel ébullition.