Les réévaluations des grands projets d'infrastructures économiques et sociales effectuées par la Caisse nationale d'équipement pour le développement (Cned), entre 2005 et 2009, ont augmenté de près de 40% par rapport aux budgets prévisionnels. Dans un bilan présenté hier à Alger, Farouk Chiali, directeur général de la Cned rattaché au ministère des Finances, a indiqué que «ces réévaluations ont concerné 36 projets sur les 44 inscrits pour le quinquennat écoulé. Ils ont porté le montant des autorisations de programmes de 2625 milliards de dinars initialement, à 3655 milliards de dinars, soit une hausse de la réévaluation de 1050 mds de DA». Quant aux réévaluations des projets du quinquennat en cours, il a relevé qu'il était encore tôt pour avancer des chiffres, car les projets en question viennent d'être lancés. «La maturation des études des grands projets par les maîtres d'ouvrages aurait considérablement réduit le niveau des réévaluations ainsi que les délais de réalisation des projets», a-t-il relevé. Les retards accusés dans la réalisation des projets sont dus à l'absence des études préalables, qui devaient permettre aux entreprises d'appréhender l'ampleur des difficultés qui peuvent surgir au cours du lancement des chantiers. M. Chiali a évoqué également les problèmes rencontrés par les entreprises, citant les surcoûts, la difficulté de libérer des assiettes foncières surtout lorsque le terrain, qui doit être utilisé pour un projet d'intérêt public, appartient à des particuliers. Le directeur de la caisse, qui est un établissement chargé d'évaluer les grands projets d'investissements publics, a parlé aussi des contraintes auxquelles font face les entreprises de réalisation engendrées, cette fois, par les retards de déplacement des réseaux d'électricité et de gaz, et les conduites d'eau. M. Chiali a précisé, par ailleurs, que lorsque la réévaluation du coût d'un projet est supérieure de 15% par rapport à son budget initial, le projet passe obligatoirement par le Conseil des ministres pour être validé. Interrogé sur le projet de l'autoroute Est-Ouest dont le coût supplémentaire est évalué à plus de 1,5 milliard de dollars par rapport au prix initial plafonné à 11,14 milliards de dollars, le premier responsable du Cned a affirmé qu'il s'agit plutôt de «dépenses supplémentaires utiles pour le perfectionnement du projet». Les rallonges financières ont été consacrées à acquérir des équipements de meilleure qualité que ceux prévus initialement. Il a cité, à titre d'exemple, le choix des glissières de sécurité en béton qui coûtent nettement plus cher que les glissières de sécurité métalliques prévues au départ. M. Chiali a toutefois assuré que l'application du guide du management des grands projets d'infrastructures, lancé par la Cned en janvier 2010, aura un impact positif car les maîtres d'ouvrages disposent depuis trois ans de critères «rigoureux» à suivre en matière d'étude des projets. La Cned est un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), créé en 2004. Elle est chargée d'évaluer la maturation des études des grands projets, soit ceux dont le montant dépasse les 20 milliards de dinars ou ceux dont l'impact socioéconomique est important pour le pays.