Deux généraux turcs à la retraite ont été placés en détention préventive tard mercredi soir par un tribunal d'Ankara pour leur implication supposée dans le coup de force militaire qui a abouti à la chute du premier gouvernement islamiste du pays en 1997, a rapporté l'agence de presse Anatolie. L'ex-chef d'état-major de l'armée de terre, Erdal Ceylanoglu, et l'ex-général Yücel Özsir ont été transférés tôt jeudi à la prison de Sincan, la même ville de la banlieue d'Ankara où avait débuté le putsch par un défilé de chars destiné à impressionner le gouvernement. Cette démonstration de force, assortie d'un ultimatum de l'armée publié le 28 février 1997, il y a seize ans jour pour jour, avait suffi à provoquer la chute du gouvernement du Premier ministre Necmettin Erbakan. La cour a en revanche prononcé le maintien en liberté sous contrôle judiciaire de trois autres officiers qui avaient été convoqués mercredi au tribunal: l'ancien commandant des écoles militaires, Aslan Güner, l'ex-général Mehmet Baspinar et le colonel d'active Mehmet Cumhur Yatikkaya, a indiqué Anatolie. Quelque soixante-dix militaires d'active ou à la retraite ont déjà été écroués dans le cadre de cette enquête lancée en 2011 sur les circonstances du dernier putsch militaire en date de l'histoire de la Turquie moderne. Nombre d'autres officiers supérieurs, dont le chef d'état-major de l'époque, Ismail Hakki Karadayi, ont également été entendus par la justice mais laissés en liberté. Outre ce coup d'Etat, l'armée turque a renversé trois gouvernements civils en 1960, 1971 et 1980. Décédé en 2011, Necmettin Erbakan était le mentor politique de l'actuel Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui, depuis l'arrivée de son parti au pouvoir en 2002, est parvenu à réduire l'influence de l'armée sur la vie politique turque. De nombreuses enquêtes judiciaires ont été ouvertes contre des officiers suspectés d'avoir comploté contre son gouvernement, et nombre d'entre eux emprisonnés. Un projet de réforme de la Constitution du pays actuellement en discussion prévoit de renforcer le contrôle civil sur l'institution militaire.