La police saoudienne a arrêté vendredi 176 personnes, dont 15 femmes, qui manifestaient pour demander la libération de prisonniers islamistes à Bouraïda, dans le centre du royaume, a rapporté l'agence officielle SPA. "Cent soixante et un hommes, accompagnés de 15 femmes, ont été arrêtés après avoir refusé de mettre fin à leur rassemblement devant le siège des services des investigations et du procureur de Bouraïda", a indiqué tard vendredi l'agence, en citant un porte-parole de la police. Le porte-parole a accusé ces manifestants d'"instrumentaliser les affaires d'éléments accusés de crimes et d'activités liés au groupe des déviants pour tenter de provoquer des réactions de l'opinion publique" contre les autorités. Dans le discours officiel saoudien, "le groupe des déviants" désigne les islamistes extrémistes liés à la nébuleuse d'Al-Qaïda. Le porte-parole a rappelé l'interdiction de manifester en Arabie saoudite et assuré que les forces de sécurité veilleraient à prévenir tout rassemblement. De petits groupes de femmes se rassemblent quasi-quotidiennement à Bouraïda, à 400 km au nord de Ryad, pour demander la libération de proches appartenant à la mouvance islamiste extrémiste, bien implantée dans cette région du pays. En septembre dernier, plusieurs dizaines de proches de prisonniers islamistes ont participé à un rare sit-in devant la prison de Bouraïda pour demander la libération des leurs. Commentant les arrestations de vendredi, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International, a appelé les autorités saoudiennes à "cesser de jouer au chat et à la souris" avec les manifestants. Amnesty a invité aussi les autorités à "écouter ces manifestants au lieu de les persécuter" et affirmé dans son communiqué qu'une femme a eu le bras cassé lors de son interpellation musclée. Selon l'Association saoudienne pour les droits civiques et politiques (Acpra), 30.000 personnes seraient actuellement détenues dans le royaume pour appartenance à des groupes islamistes radicaux. Entre 2003 et 2006, à la suite d'une vague d'attentats, les autorités avaient livré un combat sans merci contre Al-Qaïda en Arabie saoudite. En avril 2011, une source judiciaire avait indiqué que 5.080 personnes soupçonnées de terrorisme étaient en cours de jugement ou avaient été jugées devant une cour spéciale.