Le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme a organisé mardi une rencontre au siège de l'ONU (New York) sur la violation des droits de l'homme au Sahara occidental, en présence notamment des représentants de plusieurs Etats membres de l'ONU et de l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross. Organisée en partenariat avec les Missions permanentes respectives de l'Afrique de Sud, de l'Angola, du Mozambique et du Zimbabwe, cette rencontre avait pour but de sensibiliser la communauté internationale et notamment le Conseil de sécurité, qui prévoit l'examen de la question en avril, de la situation prévalant au Sahara occidental occupé et des violations des droits de l'homme commises par les autorités marocaines. A cette occasion, le Centre Robert F. Kennedy a présenté les conclusions de la visite qu'il avait effectuée sur le terrain en août dernier, tandis que l'acteur espagnol de renommée mondiale, M. Javier Bardem, a projeté son film-documentaire intitulé "Enfants des nuages: la dernière colonie" en soutien à la cause sahraouie. En outre, un panel de discussion sur les droits de l'homme au Sahara occidental a été tenu sous la présidence de M. Santiago Canton, directeur au RFKennedy Center. Dans son intervention préliminaire, la présidente de cette organisation américaine des droits de l'homme, Mme Kerry Kennedy, a rappelé les principales conclusions de son rapport suite à son séjour, en août 2012, au Sahara occidental où elle avait conduit une délégation composée, notamment, de juristes et d'experts mondiaux en matière de droits de l'homme ainsi que de l'ex secrétaire général de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), M. Erik Sottas. Devant son auditoire à l'ONU, Mme Kennedy a, non seulement, fait part des violations des droits de l'homme des Sahraouis par le Maroc mais aussi du recours par les forces de sécurité marocaines aux actes d'intimidations et de harcèlement qui avaient obstrué la capacité de sa délégation à travailler, tentant de l'empêcher d'être témoin de certains incidents contre des Sahraouis en employant des agressions verbales et physiques. Les violations des droits de l'homme des Sahraouis ne sont pas des incidents isolés Dans ce sens, elle a soutenu que les violations des droits de l'homme au Sahara occidental n'étaient pas des incidents isolés, comme le prétendent les autorités marocaines, mais plutôt le résultat d'une politique de répression à l'encontre des Sahraouis qui s'opposent au plan d'autonomie. De surcroît, elle a relevé que l'absence de réactions de la communauté internationale face à ces violations est due, en grande partie, au "black-out" imposé par le Maroc sur le territoire du Sahara occidental occupé. En conséquence, elle a relevé la nécessité de doter la MINURSO d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme, tout en indiquant que le Centre Robert F. Kennedy compte adresser prochainement une pétition dans ce sens au Conseil de Sécurité. Pour sa part, le représentant permanent du Mozambique, en tant que membre de ce panel, a fait une déclaration au nom de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dans laquelle il a notamment exprimé un soutien "fort" au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Il a, également, souligné la responsabilité de l'ONU sur la question du Sahara occidental, particulièrement sur le volet relatif aux violations des droits de l'homme commises dans ce territoire occupé, réaffirmant, dans ce cadre, le soutien de la SADC aux résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale sur le Sahara occidental. Réveiller la conscience internationale sur la question du Sahara occidental Prenant part activement à cette rencontre, l'acteur espagnol de renommée mondiale, M. Javier Bardem, a indiqué qu'il ne représentait ni un parti politique ni un gouvernement, mais qu'il était uniquement un citoyen indépendant qui fait de son mieux "afin de réveiller la conscience de la communauté internationale sur la question du Sahara occidental". Dans ce sillage, il rappelé sa pétition faite devant la 4ème Commission onusienne de décolonisation en 2011, soulignant qu'il avait senti l'existence d'une volonté et d'une grande solidarité avec le peuple sahraoui, mais pas suffisamment d'actions concrètes. M. Bardem a, également, abordé "les violations répétées et à grande échelle" des droits de l'homme au Sahara occidental, en notant que les Sahraouis continuent d'être emprisonnés ou assassinés pour avoir seulement tenté de défendre leurs droits fondamentaux. Membre de ce panel, la militante sahraouie, Mme Aminatou Haidar, a indiqué que le Maroc continuait à violer les droits les plus fondamentaux des civils sahraouis, soulignant, à ce sujet, que les autorités marocaines continuaient à ne pas honorer leurs engagements même après la création de la Commission marocaine des droits de l'homme. Elle a affirmé, à ce propos, que ces violations n'avaient épargné aucune frange de la société sahraouie, y compris les femmes, les personnes âgées et les enfants. Elle a, également, mis l'accent sur la question de l'impunité qui est le fait d'un appareil de justice marocain qui refuse toute enquête sur les différents cas de violations des droits de l'homme, en dépit, a-t-elle dit, de l'existence de preuves présentées par les Sahraouis. Le débat a été suivi par la projection du film de Javier Bardem intitulé "Enfants des nuages: la dernière colonie". Ce film-documentaire, qui a nécessité quatre années de travail et une recherche objective, retrace le conflit du Sahara occidental depuis le retrait de l'ex-puissance coloniale, l'Espagne, et l'arrivée du nouvel occupant, le Maroc, avec tous les événements qui s'en sont suivis jusqu'à nos jours. Il met notamment en relief les multiples entraves instaurées par le Maroc pour empêcher la mise en œuvre du plan de paix et visant à empêcher la tenue du référendum d'autodétermination qu'il avait pourtant accepté. Le documentaire souligne clairement le soutien apporté au Maroc respectivement par la France, les Etats-Unis et l'Espagne. Chaque étape de l'histoire du Sahara occidental y a été appuyée par des témoignages apportés par des hommes politiques français, espagnols, américains, des diplomates spécialistes de la question sahraouie, des journalistes ayant été sur le terrain, des officiels de l'ONU ayant servi à la MINURSO et des Sahraouis dont notamment ceux chassés de leurs demeures et exilés à Tindouf ou menacés dans le territoire sahraoui occupé par le Maroc.