NATIONS UNIES (New York) - Le célèbre acteur espagnol Javier Bardem a appelé, mardi devant l'ONU, au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, considérant que les pays, qui déclarent haut et fort leur soutien à la démocratie et aux droits de l'homme, ne doivent plus continuer à afficher leur indifférence à la question du Sahara occidental. Javier Bardem, qui a remporté un Oscar pour le film américain ''No country for old men'' en 2008 et décroché plusieurs trophées d'autres festivals internationaux de films, s'exprimait devant la 4e Commission de l'ONU, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, dont les travaux ont été entamés lundi au siège des Nations Unies à New York. ''Je suis ici comme un citoyen indépendant. Je ne suis affilié à aucun parti politique et je ne suis le représentant d'aucun gouvernement. Mais il est de notre devoir de citoyens de rappeler à nos dirigeants leurs responsabilités quand une injustice se produit'', a-t-il entamé son intervention. Qualifiant la situation du Sahara occidental de ''grave injustice, de violation du droit international et de notre propre sens de base du bien et du mal'', M. Bardem a soutenu que des puissances occidentales ''ont calculé leurs intérêts économiques et politiques mais ont ignoré le terrible coût humain, tandis que le Maroc a été permis à retarder indéfiniment le référendum''. Pour lui, ''l'Union européenne et les Etats-Unis semblent avoir décidé que la situation pouvait être ignorée et ont prétendu que le processus de l'ONU allait résoudre le problème, quand il est clair qu'après vingt années, le référendum promis par les Nations unies n'a toujours pas eu lieu''. Par ailleurs, il a considéré que l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, M. Christopher Ross, ''doit être soutenu d'une manière déterminée par tous les pays qui prétendent soutenir les valeurs de démocratie, de droit et de la justice''. ''Outre l'Espagne, comme ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, tous les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU portent une responsabilité particulière'' dans le dossier du Sahara occidental, jugea-t-il. ''Si le 'printemps arabe' a porté un message très clair qui est celui de laisser le peuple s'exprimer'', a-t-il poursuivi, ''ce droit a été promis aux Sahraouis par l'ONU et la communauté internationale depuis plus de vingt ans, et cette promesse doit être réalisée maintenant'', a insisté M. Bardem. Abordant la question des droits de l'homme en citant, entre autres, les actes de répression barbares perpétrés par les forces marocaines en novembre 2010 contre des camps sahraouis, et les derniers événements de Dakhla, il a exhorté l'ONU, en conséquence, à mettre en place un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au sein de la MINURSO. "En dépit des rapports établis par le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme, qui témoignent que le déni des droits de l'homme pour le peuple sahraoui est une routine, la MINURSO, présente depuis 1991, n'a toujours pas le mandat de surveiller les droits de l'homme au Sahara occidental'', a-t-il vivement déploré. Dans ce sens, il a observé que la MINURSO est ''la seule mission de l'ONU non mandatée pour surveiller les droits de l'homme du fait que ce mandat a été bloqué à plusieurs reprises par certains membres du Conseil de sécurité''. ''C'est une omission surprenante et inacceptable'', a fait valoir M. Bardem, ajoutant que ''les pays qui déclarent haut et fort leur soutien aux droits de l'homme et à la démocratie ne peuvent plus fermer les yeux sur le Sahara occidental''.