Le réseau Wassila/Avife a dénoncé, hier, dans un communiqué, le contenu du programme de la télévision consacré à la journée internationale de la femme. Pour cette journée, la télévision algérienne a programmé un film consacré à la violence faite aux femmes. «Un film contre les violences faites aux femmes? La télévision publique s'intéresserait-elle à ce grave problème ? Les chiffres donnés récemment par la police et la gendarmerie ont, en effet, de quoi inquiéter ! 261 femmes assassinées par un proche durant les premiers mois de l'année 2012 ! Mais la surprise est dans la suite! Devinez qui est la victime ? C'est le mari bien sûr !», ont indiqué les membres du réseau Wassila. «Situation tirée par les cheveux, situation peu crédible s'il en est» et qui mène à la conclusion suivante : «les hommes violents ne veulent que le bien de leur femme» et les femmes victimes de violence sont responsables de leur malheur, ont regretté les membres du réseau Wassila. Le réseau Wassila/Avife d'aide aux femmes et aux enfants victimes de violence a présenté, le 24 février dernier, un document, «Violences contre les femmes et médias» lors d'une rencontre avec des journalistes qui avait pour but de les sensibiliser quant à la responsabilité et l'éthique des médias envers «les plus faibles». Les militantes du réseau estiment que les professionnels des médias et «les journalistes s'adressent aux victimes mais aussi aux agresseurs, à ceux et celles qui sont les témoins silencieux de ces atteintes à la dignité humaine» d'où le rôle important qu'ils peuvent jouer en faveur de la lutte contre la violence à moins qu'ils n'abusent du pouvoir qu'ils ont pour faire exactement le contraire. La grille de programmation de Canal Algérie prévue à l'occasion de la journée internationale de la femme est pour le moins «honteuse», selon le réseau Wassila. Pourtant, en ce vendredi, la télévision a commencé par un programme sur le rôle de la femme algérienne et des moudjahidate dans la guerre de libération nationale avant la diffusion, dans la deuxième partie de la soirée, d'un film, Meriem, justifiant la violence conjugale. Le film reprend ainsi tous les clichés contre lesquels les militantes des droits des femmes ne cessent de se battre. Ainsi, selon le film, le sort de la femme victime de violence est «justifié» par la «débauche des femmes émancipées». Dès la première scène, on aperçoit une femme très «occidentalisée» qui rentre tard chez elle après une journée passée chez le coiffeur et à faire les magasins. L'épouse, très matérialiste, travaille comme mannequin et pose pour un photographe dans des vêtements dévoilés. Le mannequinat, qu'elle exerce contre l'avis de son mari, lui permet de gagner de l'argent dans le seul but de le dépenser dans des vêtements et d'échapper aux remarques de son mari. «Ce n'est pas ton argent», lui dit-elle dans une scène du film. Exaspéré par le comportement de sa femme, le mari, homme doux et attentionné, très respectueux envers sa mère et sa sœur qui sont beaucoup plus «conservatrices» que son épouse, bat sa femme à coup de… manche de pilon ! Tout au long du film, on trouvera des circonstances atténuantes au mari. Etonnant.