Les "potentialités énormes" que recèle l'Algérie sur plusieurs plans lui permettent d'atteindre, avec la réunion de certaines conditions, une croissance de 6% et de réduire le taux de chômage à 5% à moyen terme, a estimé mardi à Alger un expert du FMI. Vu la taille de son marché, celle de sa population et ses disponibilités financières, l'Algérie dispose d'un grand potentiel de croissance notamment dans le secteur de l'Agriculture et dans la pétrochimie, la pharmacie, le tourisme, les TIC et les services en général", a affirmé M. Zeine Ould Zeidane, conseiller au département Moyen Orient et Asie centrale du FMI. En plus, l'Algérie est "l'un des rares pays de la région où la gestion macro-économique saine a permis le renforcement de la stabilité économique, faisant d'elle un pays très peu vulnérable par rapport aux pays de la région", a-t-il relevé lors d'une conférence sur "la croissance et l'emploi en Algérie". Le représentant du FMI s'est également félicité de l'efficacité de la politique monétaire en Algérie, qui a conduit à "une inflation maîtrisée et un taux de change équilibré". La politique budgétaire n'est pas en reste pour M. Ould Zeidane qui a qualifié la loi de finances de 2013 de "très positive en matière de consolidation budgétaire". En dépit de la faible croissance du secteur des hydrocarbures, l'Algérie est ainsi capable de réaliser une croissance globale du PIB supérieure à 6% à moyen terme, contre 2,4% en 2012, mais à certaines conditions, selon lui. Il faudrait surtout, recommande cet expert international, "réduire la rigidité des marchés du travail et des biens et services, mettre la formation en adéquation avec l'emploi et travailler sur une croissance hors hydrocarbures inclusive". Chômage préoccupant chez les jeunes Si le taux de chômage a baissé à 10% en 2011, celui des jeunes reste élevé et atteint 20,4%, une situation qui "nécessite une attention particulière", selon le représentant du FMI. Le chômage chez les diplômés de l'Enseignement supérieur est aussi préoccupant, selon lui, puisqu'il est à 15,2% et montre surtout que ce département "n'est pas assez orienté vers le marché de l'emploi". Pour faire face à cette situation, M. Ould Zeidane a notamment préconisé d'assainir le climat des affaires en Algérie en renforçant le fonctionnement de l'Administration, combattre "clairement le secteur informel depuis ses sources" et augmenter la capitalisation boursière. Il a proposé dans la même perspective de donner plus d'attention à la productivité et, évidemment, réduire au maximum la vulnérabilité envers les hydrocarbures en encourageant les exportations dans les autres secteurs. Appelant tout de même à pérenniser autant que possible les réserves des hydrocarbures en Algérie, il a estimé que la nouvelle loi sur les hydrocarbures "évolue dans la bonne direction". Sur le plan budgétaire, il a été notamment recommandé de plafonner le recours annuel au FRR (Fonds de régulation des recettes) et de procéder à "plus d'affichage budgétaire" surtout en ce qui concerne les subventions indirectes. "Il faut qu'il y ait un message clair sur les dépenses fiscales de l'Etat", a-t-il préconisé en proposant en outre d'accompagner la loi de finances par les orientations budgétaires sur quatre ans. Revenant sur la législation régissant l'investissement en Algérie, l'expert du FMI a remis en cause l'application de la règle 51/49% depuis 2010 "Le Fonds a enquêté sur 88 pays et a pu constater qu'aucun d'entre eux n'appliquait cette règle de façon systématique, à part quelques exceptions pour les secteurs stratégiques", a-t-il argumenté. Sur le crédit à la consommation, interdit en Algérie depuis 2009, il a estimé que "d'autres mesures, loin de la suppression pure et simple, pouvaient être envisagées" en arguant qu'une telle interdiction "défavorisait surtout les industries locales".