L'Algérie doit développer ses propres pôles de recherche en biotechnologie, afin de synthétiser des vaccins antigrippaux, compatibles au typage virologique de la région d'Afrique du Nord, a indiqué, mercredi à Alger, le Pr Salim Nafti, chef de service pneumo-phtisiologie au CHU Mustapha Bacha. "Il est important d'acquérir les biotechnologies de synthèse de vaccins anti-grippaux en Algérie pour fabriquer des vaccins compatibles au type du virus grippal de la région de l'Afrique du Nord. L'Algérie ne doit pas dépendre des laboratoires européens qui synthétisent des vaccins qui ne correspondent pas aux recommandations de l'OMS pour le virus sévissant en Algérie, au moment de l'apparition de l'épidémie", a précisé le Pr Nafti, dans une déclaration à l'APS. Le virus de la grippe est un virus mutable qui change de configuration annuellement, et pour chaque type de virus correspond un vaccin spécifique. Le spécialiste a expliqué que chaque année des souches de virus sont isolées, entre début mars à fin avril, et les sentinelles de l'OMS implantées dans chaque pays, partout dans le monde, communiquent les caractéristiques du virus aux laboratoires pharmaceutiques internationaux, pour la synthèse d'un vaccin spécifique à la région. Il arrive, selon le Pr Nafti, qu'au moment de la distribution du vaccin en Algérie que le virus mute, diminuant, de fait, de son efficacité. Le virus de la grippe a muté cette année et le vaccin n'était donc pas adapté à toutes les souches virologiques, a-t-il encore indiqué, soulignant que la vaccination n'a pas couvert tout le champ virologique de l'Algérie. Le centre de veille épidémiologique de l'Institut Pasteur a relevé un pic épidémiologique de la grippe au mois de janvier dernier, avec une sévère virulence du virus et une forte contamination. Le spécialiste a affirmé, à ce propos, que le nombre de vaccins étaient insuffisants et que la vaccination a touché, uniquement, un tiers de la population ciblée, ajoutant que "la vaccination est efficace lorsque 50% de la population générale est vaccinée et 80 % de la population immunodéprimée". La population la plus affectée était les personnes du troisième âge, et de nombreux décès ont été enregistrés auprès de cette frange de la société. Il a recommandé, à ce titre, de prôner "une stratégie de prévention sanitaire" avec un programme de vaccination adapté au pays, au lieu, a-t-il expliqué, d'adopter une politique curative. Pour se faire, le Pr Nafti a préconisé un plan d'action vaccinal en direction des personnes du troisième âge qui souffrent de maladies chroniques et qui sont vulnérables face aux épidémies de grippe. "Le remboursement du vaccin est une bonne chose, mais il faudrait qu'il soit gratuit pour les sujets âgés", a-t-il estimé. L'adoption d'une politique nationale de santé adéquate permettra, selon le Pr Nafti, de diminuer de moitié la mortalité en Algérie, d'éviter 40% des hospitalisations et de réduire le coût thérapeutique. Il a, également, suggéré de mener une campagne de sensibilisation auprès de la population pour les rasséréner sur la vaccination, qui est maîtrisée depuis des décennies.