«Je le pense et je le souhaite.» Telle est la réplique du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, interrogé en marge de la séance plénière consacrée aux questions orales sur l'application de la peine de mort, décision toutefois qui relève, selon lui, du «politique». Devant les députés, le ministre de l'Intérieur a indiqué que le gouvernement envisageait la révision du code pénal, notamment dans sa partie relative aux peines appliquées aux auteurs d'enlèvements d'enfants, avant de révéler en marge de la plénière : «L'avant-projet de loi portant révision du code pénal sera sur la table du gouvernement la semaine prochaine.» Le ministre a expliqué également que la révision du code interviendra sur la base d'un rapport qui sera présenté, la semaine prochaine, par le ministère de la Justice. L'application de la peine de mort, a laissé entendre le ministre, ne doit pas seulement concerner les auteurs d'enlèvement. La peine de mort, a-t-il dit, «figure dans la loi et il serait, peut-être nécessaire de la durcir et de l'élargir à d'autres cas», précisant à propos du moratoire adopté par l'Algérie qu'il s'agissait d'une décision politique. «L'application de peines est une décision politique. Donc le retour à cette peine nécessite une décision politique», a-t-il poursuivi. Le «travail est en cours jusqu'à l'éradication de ce phénomène (enlèvement) étranger à la société algérienne», a dit le ministre, rappelant qu'un Conseil interministériel s'est tenu dimanche. Il a été sanctionné par l'adoption de nouvelles mesures s'articulant essentiellement, a-t-il dit, autour de la sensibilisation, la prévention et le traitement judiciaire ferme et rapide contre les auteurs de ces crimes. Un groupe de travail qu'il supervisera personnellement a été installé à l'issue de cette réunion. Il regroupe des représentants des secteurs de la santé, la justice, l'éducation, la famille, les sports, la gendarmerie et la police. Selon les explications de Ould Kablia, le groupe de travail sera chargé d'appréhender les mobiles socio-psychologiques à l'origine de ce phénomène, formuler une série de solutions et des propositions à même de garantir la prévention, la sensibilisation autour de cette question ainsi que des procédures pénales fermes pour y faire face. Parmi ces résolutions, figure la relance du travail de proximité envers les enfants, les parents et la société civile, la multiplication des patrouilles pédestres dans les ensembles locatifs, les aires de jeu, les places publiques et autour des établissements scolaires, mais il s'agit aussi de coordonner les numéros verts (gendarmerie, police) pour dénoncer les personnes suspectes. A ce sujet, il précisera, qu'hormis le 10 55 de la gendarmerie, «la police a été instruite de mettre sur réseau un numéro vert spécial police, ainsi il y aura deux numéros. Ce qui est important c'est que la réponse à la demande de secours soit prise en charge le plus rapidement possible». Pour Ould Kablia, il est «urgent» de mobiliser toutes les parties aux côtés des services de sécurité pour l'élaboration et la mise en oeuvre de plans efficaces afin de protéger les enfants et réprimer ces crimes «odieux». Trente enlèvements d'enfants dont 4 tués au premier trimestre 2013 Même si les cas d'enlèvement ont été résolus par les services de sécurité en un temps record, à hauteur de 90%, selon Ould Kablia, les enlèvements d'enfants ou de détournements de mineurs enregistrés par les services de la Sûreté nationale en 2012 s'élèvent à 204 cas recensés, dont 170 filles (169 filles) en 2011. Lors du premier trimestre 2013, les services de la police ont recensé près de 30 cas d'enlèvement dont 4 ont été tués, a précisé le ministre. Dans la majorité des cas, il s'agit, selon lui, d'agressions sexuelles commises par des homosexuels, des repris de justice, et dans de rares cas, ils sont motivés par un litige familial, la vengeance, un règlement de compte ou une demande de rançon. Ould Kablia, qui tentera d'énumérer les causes de ces actes odieux, évoquera entre autres l'influence des «chaînes satellitaires et l'usage de l'Internet». La sécurité des infrastructures pétrolières assurée par l'Algérie Evoquant le volet sécuritaire et les nouvelles règles qu'impose la nouvelle conjoncture dans le Sud, Ould Kablia a révélé que la sécurité des sites économiques stratégiques et des installations pétrolières sera assurée par les forces de sécurité algériennes. «Par le passé, la protection des complexes économiques incombait aux services de sécurité internes mais vu le nouveau contexte, nous avons imposé la présence des services de sécurité algériens à ce niveau», a-t-il affirmé en marge de la séance plénière. Tout en reconnaissant qu'il était «difficile de convaincre les responsables de ces complexes et les partenaires étrangers de la nécessité de ces mesures», a-t-il dit, «nous avons imposé ce fait dans l'intérêt de ces entreprises et de la sécurité du pays». Répondant, par ailleurs, à une question d'un député sur les mesures prise par l'Etat pour la protection des biens et des personnes surtout après l'attaque de Tiguentourine, Ould Kablia a affirmé que l'Algérie a mobilisé tous les moyens «nécessaires» pour la défense de sa souveraineté et de son unité territoriale, soulignant «l'importance d'une vigilance soutenue» pour faire face à la menace sécuritaire. «Outre les dispositions déjà existantes, l'Etat, conscient de la menace (terroriste), a mobilisé tous les moyens nécessaires pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale», a-t-il indiqué, rappelant à titre d'exemple que les frontières ont été fermées dès le début des combats dans le nord du Mali pour «empêcher toute infiltration de groupes terroristes extrémistes armés dans notre pays». «La situation aux frontières est maîtrisée» La situation aux postes frontières est «maîtrisée malgré la situation prévalant dans les pays voisins», enchaînera le ministre. Il évoquera dans ce sillage le renforcement des corps de sécurité au niveau de ces postes, la sécurisation des points sensibles, l'intensification de la fouille des voyageurs et le contrôle des passeports, des véhicules et des bagages, outre la collaboration permanente entre les partenaires au niveau de ces points de contrôle et la coordination sécuritaire avec les services sécuritaires spécialisés des pays voisins, notamment la Tunisie et la Libye. La sécurité est également renforcée, selon lui, au niveau des sites abritant les ressortissants étrangers, particulièrement, les sociétés et les bases de vie pour les prémunir de tout acte de sabotage. «Nous avons également renforcé la protection sécuritaire aux alentours des représentations diplomatiques, consulats et institutions étrangères à travers la multiplication du nombre des éléments de la police et l'intensification des patrouilles mobiles», a précisé Ould Kablia. Il soulignera que dans le cadre de la lutte contre le crime et les groupes criminels, des unités de protection et d'intervention rapide relevant de la Gendarmerie nationale ont été créées et qui se chiffrent aujourd'hui à «126 unités opérationnelles». Dans un autre registre, le ministre évoquera également le rôle et les missions de la Protection civile dans le domaine de la prévention des risques majeurs.