Le Conseil interministériel tenu, hier, à l'effet d'examiner le phénomène d'enlèvement des enfants a décidé de quelques mesures à prendre. A l'issue donc d'un conclave d'urgence, dicté par l'onde de choc populaire générée par l'horrible assassinat des deux enfants de la cité Ali-Mendjeli de Constantine, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a ordonné une série de mesures qualifiées de «rapides» afin de lutter contre une succession d'enlèvements qui inquiète davantage les Algériens. La réponse du gouvernement s'articule sur trois axes principaux qui sont : la sensibilisation, la prévention et le traitement judiciaire ferme et rapide contre les auteurs de ces crimes. Envers les auteurs de kidnappings d'enfants, le Premier ministre a plaidé pour un durcissement des sanctions pénales. Dans la pratique, le Conseil interministériel annonce l'installation d'un groupe de travail dans les 48 heures afin «d'élaborer, dans les plus brefs délais, des mesures pour lutter de manière efficace contre ce phénomène». Ledit groupe de travail, qui va réunir les différents ministres concernées, sera piloté par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. A cette occasion, le Premier ministre a demandé de «coordonner les numéros verts (Gendarmerie, police, etc.) pour en faire un système d'alerte accessible de n'importe quel support de la téléphonie (portable, fixe, etc.)». Abdelmalek Sellal a, par ailleurs, instruit des mesures allant dans le sens de la prévention et de la sensibilisation contre le phénomène. Estimant à cet effet, qu'il s'agit de l'«affaire de tout le monde», le Premier ministre a annoncé «des tables rondes télévisuelles et radiophoniques pour sensibiliser davantage les parents et la société sur le danger de ce fléau et les amener à alerter rapidement pour que les services concernés agissent de façon efficace». En plus de ce travail de sensibilisation, il a été demandé aux services de sécurité de «multiplier les patrouilles pédestres dans les ensembles locatifs, les aires de jeu, les places publiques et autour des établissements scolaires». Annonçant un travail de proximité en direction des enfants, des parents et du mouvement associatif, le gouvernement compte «inciter les imams à jouer un rôle de sensibilisation». Pour ce qui est du traitement judiciaire, Abdelmalek Sellal a plaidé pour un «durcissement du Code pénal quitte à le réviser». Le Premier ministre n'a pas écarté l'application de la peine capitale. Les mesures prises par le gouvernement reposent sur les chiffres présentés au cours de ce Conseil par les différents services de sécurité. Ces chiffres indiquent que «80% d'enfants enlevés ont été libérés par les services de sécurité». Les mêmes sources expliquent que «dans la majorité des cas, les mobiles sont sexuels» et que «les auteurs de ces crimes, sous l'effet de la drogue, agissent également pour l'obtention d'une rançon ou pour un règlement de compte familial». En termes de chiffres, l'année 2008 a connu quatre cas d'enlèvements alors qu'entre 2012 et 2013, il y a eu 31 cas ayant ciblé des enfants et des collégiens. Ont pris part à ce Conseil interministériel : le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Mohamed Charfi, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelaziz Ziari, la ministre de la Solidarité nationale, Souad Bendjaballah, le secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, Belkacem Mellah, ainsi que des représentants des corps constitués (Gendarmerie et Sûreté nationales).