Avec l'assassinat de cheikh Al Bouti, qui avait mis en garde contre un nouvel accès de violence, on semble au bord de l'enlisement en Syrie où les intérêts des uns et des autres se confondent. Dans ce conflit, véritable guerre civile en réalité, des puissances mondiales, intérêts obligent, tentent de tirer leur épingle de jeu. Armes chimiques, exécutions sommaires filmées et attentats suicides font désormais la réputation de l'armée syrienne libre (ASL), le bras armés de la coalition nationale de l'opposition syrienne, un organisme créé de toutes pièces par les nouveaux leaders de la ligue arabe, à savoir le Qatar et l'Arabie saoudite, principaux alliés des Etats-Unis dans la région et accusés depuis le début des révoltes arabes de mener des guerres de l'Otan par procuration. Ainsi, l'attentat suicide visant la mosquée d'Al Imane, à Damas, a fait une cinquantaine de morts et 90 blessés ; il ciblait l'éminent théologien musulman Mohamed Said Al Bouti et intervient alors que le chef de l'ONU Ban Ki-moon annonçait le lancement d'une enquête sur un éventuel recours aux armes chimiques dans le pays, après la plainte que les autorités syriennes avaient introduite contre les «rebelles» pour l'utilisation d'armes chimiques contre la population. Hier, les combats entre rebelles et soldats continuaient de faire rage dans ce pays en proie à la guerre depuis deux ans. Les violences auraient fait 236 morts jeudi, selon l'OSDH, alors que le conflit a fait plus de 70 000 morts depuis la mi-mars 2011. Malgré ces chiffres alarmants et la situation sécuritaire et humanitaire des plus chaotiques – en témoignent les rapports des journalistes et les vidéos des différentes exactions postées sur le net – les pays soutenant l'ASL et l'opposition, à leur tête la France et la Grande-Bretagne, prévoient tout de même son armement. Il est à noter cependant que beaucoup de vidéos postées sur internet montrent la quantité beaucoup trop importante d'armes lourdes de fabrication occidentale ou israélienne en circulation dans le pays, ce qui laisse penser que l'armement de l'opposition se fait déjà officieusement, alors que son financement, notamment par la France, est désormais officiel. Aussi, le témoignage de mercenaires tunisiens de retour dans leur pays atteste de la présence de nombreux mercenaires étrangers, notamment des Belges, tel que rapporté par des médias belges au début du mois, et de l'arsenal militaire conséquent dont dispose l'opposition armée. Réactions L'Algérie condamne avec «la plus grande force» l'attentat L'Algérie condamne avec «la plus grande force» l'attentat qui a visé jeudi la mosquée Al Imane à Damas, a indiqué hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. «L'Algérie condamne avec la plus grande force l'attentat qui a visé la mosquée Al Imane à Damas et qui a fait de nombreuses victimes parmi les fidèles, dont l'éminent théologien, cheikh Mohamed Said Al Bouti», a souligné M. Belani dans une déclaration à l'APS. «Il s'agit d'un acte criminel consternant et intolérable qui suscite notre plus vive condamnation», a-t-il affirmé. La Russie et l'Iran dénoncent L'Iran a condamné hier l'attentat de Damas, dénonçant «le complot des Etats-Unis, du régime sioniste et de leurs agents régionaux qui aident et arment les groupes terroristes syriens pour créer des divisions inter-religieuses». La Russie a également condamné l'attentat qui a visé la veille une mosquée à Damas, tuant au moins 49 personnes dont le grand savant Cheikh Mohamed Saïd Ramadhan Al Bouti, a rapporté l'agence de presse russe Interfax. «Nous condamnons avec force le crime terroriste abject et nous présentons nos condoléances à tous les musulmans et au peuple syrien ainsi qu'aux familles des victimes» de cette attaque, a dit le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachivitch.