La force du Bayern comme de la Juventus réside surtout dans des collectifs bien rodés, notamment en attaque pour les Munichois, en défense chez les Turinois, laissant augurer un choc de styles en quarts de finale aller de la Ligue des champions, mardi à l'Allianz Arena. En Bavière, on a toujours aimé les champions qui marquent des buts. Le cru 2012-13 répond parfaitement à cette attente avec 78 réalisations en route vers un 23e titre - dont 9 samedi pour détruire Hambourg - et 18 sur la scène européenne où la défaite (2-0) contre Arsenal fait figure d'accident de parcours. L'efficacité offensive est le fruit du quatuor Ribéry-Kroos-Mandzukic-Müller, qui a claqué 40 buts en championnat, assortis de 35 passes décisives! Auquel s'ajoutent les apparitions de Gomez et les coups de patte ou de tête d'un Schweinsteiger affamé de succès. Ribéry et Müller profitent aussi de l'apport des latéraux, le jeune Alaba à gauche et le capitaine Lahm à droite, avec lesquels s'est établie une entente presque à l'aveugle cette saison. S'il n'est pas le buteur le plus prolifique (7), "Kaiser Franck" est incontestablement la pièce la plus dangereuse, avec son jeu à l'instinct, marqué de coups de rein, de dribbles et de prises de risques souvent déroutantes pour ses chiens de garde. "Quand Franck est en état de jouer, il joue", répète l'entraîneur Jupp Heynckes, à l'écoute du moindre bobo de son étoile française, coqueluche de l'Arena où son maillot est l'un des plus prisés. Müller et son jeu plus coulé effectue une saison exceptionnelle (12 buts et autant d'offrandes), laissant régulièrement sur le banc Robben, alors que Kroos à l' oeil et la précision d'un chef d'orchestre avec en prime une frappe redoutable. En pointe, Mandzukic, le Croate aux 15 réalisations, reste le N.1 en dépit d'une efficacité moindre en C1 (1 but). Et si Gomez boite, Heynckes a "la chance" de pouvoir compter sur le vétéran péruvien Pizarro (34 ans), "option de luxe" qui s'est offert samedi un quadruplé... La Juve compte sur la "BBC" Bonucci, Barzagli et Chiellini forment côté turinois la charnière centrale à trois éléments d'Antonio Conte, la "BBC", qui règne sur la Serie A et constitue les trois quarts du rideau défensif de l'Italie, où Chiellini joue plutôt arrière gauche. Meilleure défense du championnat italien, la Juve n'a concédé en 30 journées que 19 buts, un de moins que durant toute la saison dernière, où elle fut championne avec déjà son verrou à triple tour. L'association de ces joueurs fonctionne également en C1. La Juve possède la meilleure défense du tournoi avec 4 buts encaissés, et Buffon ne s'est plus incliné depuis la 3e journée de la phase de poules, soit 490 minutes. Et encore s'agissait-il d'un coup franc direct, pas d'une action de jeu. Bonucci, Barzagli et Chiellini ne sont pas individuellement des monstres, mais ils sont sur la même longueur d'ondes. Leurs mouvements à trois sont réglés comme une horloge, fruit d'un énorme travail tactique. Sur les terrains d'entraînement de Vinovo, il n'est pas rare que Conte reprenne une séquence défensive, replaçant les uns et les autres. En match, le déplacement collectif de l'équipe à la récupération est impressionnant et la Juve parvient presque toujours à colmater les brèches. "Certes nous n'avons pas de Nesta, de Maldini ni de Cannavaro, ils sont impossibles à égaler, cependant nous ne sommes pas si mal", commente Bonucci, qui estime avoir "énormément progressé avec Conte". Arrivé à l'été 2011, l'entraîneur a rapidement choisi sa défense à trois. Et avec cette "BBC", la Juve rêve de se faire entendre à nouveau en Europe.