Notre pays a connu, au début de la décennie 90, l'une des pages les plus sombres de son histoire contemporaine. Le multipartisme, consacré au lendemain des événements d'octobre 88, a accouché malheureusement d'un monstre, celui de l'hydre islamiste. Presque pas une famille n'a été épargnée par ce phénomène nouveau qui a vu des cousins, voire des frères, s'entretuer sous le prétexte de ne pas partager les mêmes idéologies politiques. Le pays était ainsi plongé dans un terrible enfer fait de larmes et de sang. Pas un jour ne s'écoulait sans qu'il ait apporté son lot de nouveaux assassinats ciblés, de carnages et de destructions d'édifices publics. Mais il fallait bien que ce cauchemar prenne fin ou, tout au moins, en diminuer l'ampleur. Car le tout sécuritaire adopté initialement a fini par démontrer ses limites. D'où le lancement de plusieurs initiatives politiques allant dans le sens de ramener à la raison les terroristes et de restaurer la paix, la stabilité dans le pays totalement paralysé et isolé du monde entier. D'abord la loi de la rahma du temps du président Zeroual avant que ce concept beaucoup plus technique ne laisse la place à un autre, celui de la concorde civile, auquel son promoteur a conféré un contenu beaucoup plus politique. C'était en septembre 1999 et quelques mois plus tard, et au vu du repentir de nombre de terroristes dont des émirs au bout d'intensifs contacts entamés dans les maquis mêmes, le président Bouteflika accomplit un nouveau pas dans l'optique de son ultime projet de la réconciliation nationale. Il signe le 10 janvier 2000 un décret portant grâce amnistiante, qui vient en quelque sorte combler les vides juridiques de la loi portant concorde civile, ce qui aurait diminué de sa portée et limité son champ d'action. Et cinq ans plus tard et quelques mois après sa réélection, le Président fait adopter par voie référendaire le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, un concept ouvrant grandes les portes à la consolidation un peu plus de la paix à travers notamment l'extinction des poursuites judiciaires à l'encontre des individus qui se sont rendus aux autorités depuis le 13 janvier 2000, date de forclusion des effets de la loi portant concorde civile, de tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession, des individus recherchés, sur le territoire national ou à l'étranger, qui décident de se présenter volontairement devant les instances algériennes compétentes avec ce détail important que la mesure ne s'applique pas aux individus des deux dernières catégories impliquées dans les massacres collectifs, les viols et les attentats à l'explosif dans les lieux publics, la grâce pour les individus condamnés et détenus pour des activités de soutien au terrorisme, pour des actes de violence, autres que les massacres collectifs, les viols et les attentats à l'explosif dans les lieux publics. Ce projet de loi concède une part importante au dossier dramatique des disparus pris en charge dans le cadre du dispositif de la tragédie nationale, en sus de mesures allant dans le sens du renforcement de la cohésion nationale. Entre autres, l'élimination définitive de tous les facteurs d'exclusion qui pourraient être exploités par les ennemis de la nation.