C'est une véritable bombe que vient de lancer au sein du handball international le Congolais Charles Omboumahou. Ce dernier n'est pas n'importe qui. Il est le secrétaire général de la Confédération africaine de handball. En cette qualité il s'est déplacé à Alger, il y a un mois de cela, pour superviser l'assemblée générale élective de la Fédération algérienne de handball à la demande de la Fédération internationale qui gère ce sport mais également celle de la Confédération africaine. Cette assemblée générale, qui s'était déroulée dans de bonnes conditions, avait porté à la présidence de la Fahb, Aziz Derouaz. Comme on le sait, il y a quelques jours de cela, le président de la Fédération internationale de handball, l'Egyptien Hassan Mustapha, a adressé un courrier au président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, dans lequel il lui fait savoir que l'instance qu'il dirige ne saurait valider le résultat de l'AG élective de la Fahb. Il lui fait état d'un certain nombre de faits que l'IHF juge anormaux et qui ne répondent pas aux textes en vigueur. L'Egyptien menace alors la Fahb de suspension à l'échelle internationale si une nouvelle élection n'est pas organisée au sein de cette fédération dans un délai de trois mois. Déjà en novembre 2012… Cette sortie de Hassan Mustapha envers le sport de notre pays est une répétition de ce qui s'était fait en novembre 2012 quand, ayant été saisi par le président de la Fahb de l'époque, il avait brandi la même menace envers le handball algérien. Il s'agissait alors de prendre la défense du président de la Fahb qui s'était permis d'adresser une lettre au président de l'IHF dans laquelle il avait porté de graves accusations contre Aziz Derouaz amenant Hassan Mustapha à traiter ce dernier de «saboteur du handball algérien», un Derouaz sous la conduite duquel l'équipe nationale avait remporté 5 titres continentaux de suite. L'ex-président de la Fahb avait même accusé l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, le Professeur Mohamed Tahmi, de tremper dans ce qu'il considérait comme un complot contre lui. Face à la levée de boucliers de la presse algérienne, le président de l'IHF avait choisi, par la suite, de venir à Alger rencontrer le ministre pour aplanir les différends. Tout semblait alors être rentré dans l'ordre après cette entrevue et le président de la Fahb s'était même excusé auprès du ministre pour les accusations qu'il avait portées contre lui. On pensait donc que cet épisode allait être oublié et que le handball algérien allait enfin redémarrer après pratiquement deux années d'inactivité en dehors des sorties de l'équipe nationale. Voilà que Hassan Mustapha se rappelle au (mauvais ?) souvenir des Algériens avec la missive qu'il a adressée cette semaine au Comité olympique algérien. Selon lui, l'assemblée générale élective de la Fahb n'est pas valable au motif que l'ex-président qui était candidat pour un autre mandat a été déclaré inéligible par la commission de suivi de renouvellement des instances sportives. Il ajoute que le secrétaire général de la Fahb a été désigné par le ministère sans avoir consulté le président de celle-ci et que celui qui était en place a été remplacé sur instruction de ce même ministère. Le 23 octobre 2010, des représentants de plus de 200 Comités nationaux olympiques (CNO) ont rencontré leurs ministres des Sports à l'occasion du tout premier Congrès mondial des sports olympiques, organisé par l'Acno (Association des Comités nationaux olympiques) à Acapulco, Mexique. A cette occasion, le président de l'institution internationale olympique, Jacques Rogge a déclaré dans un discours inaugural : «Nous savons que le sport ne pourrait se développer sans la coopération des autorités gouvernementales et publiques en général. Mais nous savons aussi que le sport peut apporter son soutien à ces dernières.» Puis il a ajouté : «Que signifie "autonomie du sport" ? Permettez-moi de vous dire tout d'abord que cela ne signifie pas que nous sommes au-dessus des lois ou que nous ne sommes pas tenus de respecter les principes de bonne gouvernance.» La bonne gouvernance dont parle le président du CIO c'est ce que prône l'actuel ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi. Ceci pour dire que si le président de la Fahb a été déclaré inéligible pour un nouveau mandat c'est que la commission de suivi de renouvellement des instances sportives a estimé qu'il avait failli à cette règle de bonne gouvernance. Un rapport accablant Cette Fédération activant avec l'argent de l'Etat, il est tout à fait normal qu'elle soit contrôlée par ce même Etat. D'après ce que l'on sait, la Fahb a reçu la visite d'une mission de l'Inspection générale du MJS, mission qui a fait ressortir, dans un rapport, des pratiques pas du tout conformes à la bonne gouvernance en question. Le ministère a choisi de ne rien faire pour l'instant parce qu'il attend un autre rapport, celui de l'Inspection générale des finances qui, elle aussi, a vérifié les comptes de la Fahb. Cette affaire ne serait donc pas finie et pourrait se poursuivre au niveau des tribunaux. Pour ce qui est du secrétaire général, c'est une histoire qui revient à la charge car le président de l'IHF l'avait déjà soulevée en novembre dernier. Pourtant il lui avait été bien expliqué que ce poste est pourvu par le MJS qui paie lui-même celui qui est désigné. Si le ministère a remplacé ce SG c'est qu'il a estimé qu'il était autant coupable que l'ex-président dans les irrégularités détectées par le contrôle de son Inspection générale. D'autre part il y a lieu de s'interroger sur le souci qu'accorde le président à ce SG alors qu'il a entre les mains les statuts de la Fahb qui précisent bien que cette personne est nommée par le MJS. Pourquoi ces statuts n'ont-ils pas été rejetés par cette instance internationale lorsqu'ils lui avaient été transmis? La sortie médiatique du représentant de l'IHF et de la Cahb à l'assemblée générale élective de la Fahb dans laquelle il affirme n'avoir rien trouvé d'anormal relance l'idée que toute cette histoire n'est qu'une affaire personnelle, à savoir la haine et la jalousie que Hassan Mustapha voue à Aziz Derouaz. Ce Hassan Mustapha ne doit certainement pas dormir trop la nuit dès qu'il se met à penser Algérie. Il garde en mémoire l'année 1983 où, alors entraîneur de l'équipe d'Egypte de handball, il avait été limogé de son poste en plein championnat d'Afrique des nations qu'organisait son pays. La cause de ce renvoi était liée au fait que son équipe venait d'être battue et éliminée par l'équipe d'Algérie entraînée par un certain Aziz Derouaz. Cela avait eu l'effet d'une humiliation suprême pour notre «pauvre» Hassan Mustapha qui avait, par la suite, assisté au sacre des Algériens, une nouvelle fois champions d'Afrique (5 éditions de suite) sous la direction de Aziz Derouaz. Le président de l'IHF redoute, en outre, qu'un Derouaz président de la Fahb prenne du poids et vienne se présenter lui aussi au vote à la présidence de l'IHF. En tout cas, cette histoire risque bien de se terminer au niveau du tribunal international du sport de Lausanne. Elle est loin d'être finie.