Situé à 70 km à l'ouest d'Alger, sur les hauteurs du village de Sidi Rached, dans la wilaya de Tipaza, le mausolée royal de Maurétanie est plus communément appelé, de par la fausse traduction française, «Tombeau de la chrétienne», ou «Kbar Erroumia». Le site est un endroit idéal pour le tourisme culturel. Plusieurs familles choisissent ce lieu pour connaître une infime partie de l'histoire de leur pays, tout en profitant de la beauté des paysages. Suite aux défaites militaires de Juba Ier face aux Romains, ainsi que celle de Marc Antoine en Egypte, Jules César a fait élever leurs enfants, respectivement Juba II et Cléopâtre Séléné, également fille de la reine Cléopâtre, dans la cour impériale à Rome. A leur majorité, les deux protégés de l'empereur ont vu leur union se concrétiser par un mariage, et Juba II s'est vu attribuer le royaume de ses ancêtres numides, cité dans les cartes de l'administration romaine comme étant la Maurétanie.Le mausolée a été érigé avant la christianisation de l'antique Numidie. Le roi maure Juba II serait le concepteur. Juba II est connu pour être un roi éclairé, qui a consacré la majeure partie de sa vie à la science, à la philosophie, à la médecine et à l'étude de l'histoire de ses origines. Mais il est resté docile à la merci des demandes politiques de sa nation adoptive. Sa femme Cléopâtre Séléné était adorée par le peuple et un énorme respect lui était dévoué. A la mort de son épouse, et afin de lui rendre hommage, le roi maure entame la construction du mausolée, en mélangeant le style architectural de l'ancienne Tamzagha aux influences punico-romaines. Le tombeau demeure une énigme. Plusieurs légendes donnent une lecture fantastique au mausolée. On raconte que le corps de la fille du gouverneur d'Andalousie, le comte Julien, ait été trouvé à l'intérieur du mausolée. Ce dernier a accusé le roi wisigoth Ferdinand d'être à l'origine du meurtre de sa fille. Ainsi, dans l'espoir de se venger, le comte Julien donna les plans d'attaque au lieutenant musulman Tariq Ibn Zyad, pour pacifier l'Espagne en 711.Dans la tradition amazighe chenouie, on évoque la présence d'une fée appelée Haloula. Une autre histoire parle d'un berger arabe de Blida, qui ayant suivi sa vache à l'intérieur du tombeau, en ressortit le lendemain avec des lingots d'or. De même que le récit du sorcier espagnol, qui a ordonné à son captif algérien d'allumer, en échange de sa liberté, un cierge à la porte d'entrée du tombeau. Selon cette légende, le fabuleux trésor s'envola vers la péninsule ibérique. Le site aujourd'hui Le mausolée est seulement visité de l'extérieur. L'unique porte d'entrée a été murée durant la décennie noire. «Des groupes armées empruntaient un tunnel qui conduisait jusqu'à l'arc romain de Cherchell», a expliqué une jeune femme originaire de la région. Un magnifique panorama nous permet d'apercevoir la mer Méditerranée au nord. À l'ouest, apparaît l'imposant Mont Chenoua. Au versant sud, s'étendent les terres fertiles de la Mitidja. Plus au loin, à l'extrémité de l'horizon, les montagnes de l'Atlas. Un sentiment d'amertume nous gagne sur les lieux. En contemplant le mausolée, l'on imagine la grandeur d'une civilisation amazighe déchue. Force de constater qu'elle a été tardivement enseignée dans les écoles. Son enseignement aurait pu donner un zèle de fierté à des générations de jeunes Algériens. Avec un diamètre de 60 m et une hauteur de 32 m, le mausolée est décoré de 60 colonnes. C'est une pyramide circulaire en forme de cône. Son procédé de construction est amazighe et l'ornement extérieur est punique. Considéré comme un Djedars ou Médracen, il témoigne de l'ingéniosité des architectes numides. Il fait preuve de l'existence d'une brillante civilisation. Une jeune femme originaire de la région nous a indiqué que lors de son cursus primaire, les enseignants emmenaient leurs élèves en excursion, et des visites à l'intérieur du mausolée étaient programmées. «Nous avons emprunté un tunnel qui nous a conduit vers une sépulture. C'était une sorte de couloir à macchabées. Il y avait comme une odeur de henné. On nous a toujours dit que le tombeau abritait les corps de Juba II et de Cléopâtre Séléné.» Grâce à l'amélioration de la situation sécuritaire dans les collines de Sidi Rached, les premiers responsables de la wilaya de Tipaza avaient dégagé en 2005 une enveloppe de 5 millions de dinars pour la réhabilitation du site. Quelques mois plus tard, la forêt se trouvant à proximité fut nettoyée. L'opération a permis l'aménagement d'une aire de jeux pour les enfants, d'un parking, ainsi que l'agencement d'une piste de jogging. Le prix d'entrée est de 20 DA. Le mausolée a été classé en 1982 par l'Unesco patrimoine mondial. On avance un chiffre trimestriel de 18 000 visiteurs. Malheureusement, le site subit une agression résultant du manque de civisme de quelques citoyens. Des emballages et des sacs en plastique sont jetés en contrebas de l'esplanade. Pourtant, le mausolée royal de Maurétanie reste l'un des derniers vestiges de la période antique de l'Algérie. L'ensemble de la société est concernée en vue d'une meilleure considération.