Les obsèques de Margaret Thatcher ont beau officiellement ne pas être des funérailles nationales, le coût de cette imposante cérémonie fait grincer les dents des détracteurs de la "Dame de fer" qui n'apprécient guère de voir les contribuables payer pour celle qui pourfendait l'Etat-providence. La note devrait atteindre quelque 10 millions de livres (11,6 millions d'euros), selon les estimations faites par la presse. Le ministre chargé de leur organisation, Francis Maude, a assuré que le coût serait "bien, bien inférieur", sans toutefois en dire plus. Les comptes officiels ne seront publiés qu'après les funérailles. La famille devrait en supporter "une partie", mais les obsèques des anciens chefs du gouvernement ont toujours été payées par l'Etat, a plaidé le ministre. Selon les médias britanniques, la famille devrait en fait régler la crémation, les fleurs et le transport. Le reste serait à la charge des contribuables, notamment le déploiement de 4.000 policiers pour assurer la sécurité et de 700 soldats pour faire une haie d'honneur à la "Dame de fer" jusqu'à St-Paul. Plus de 2.000 personnalités ont aussi été conviées, faisant de ces funérailles les plus imposantes depuis celles de la Reine-mère il y a 11 ans. Mme Thatcher n'a toutefois pas eu droit à une parade aérienne, dont elle ne voulait pas selon son entourage, la jugeant trop dispendieuse pour les finances publiques. Margaret Thatcher "a été la première femme Premier ministre" au Royaume-Uni, "c'est elle qui est restée le plus longtemps au pouvoir en 150 ans, elle a fait des choses extraordinaires. Je crois que ce qui se passe aujourd'hui est totalement approprié", a justifié l'actuel locataire de Downing Street David Cameron, conservateur comme la défunte. Il a assuré avoir consulté l'opposition sur le sujet. Mais la pilule ne passe pas dans les rangs des détracteurs de "Mrs T", ulcérés par la pompe de ces funérailles perçues comme une "opération de propagande" des Tories. "10 millions" alors que le gouvernement fait des coupes budgétaires et qu'il "réduit les allocations aux handicapés? je ne pense pas que l'opinion comprenne", a commenté à la radio la députée travailliste Diane Abbott. Près de la cathédrale St-Paul, un "anti-Thatcher" est venu manifester son mécontentement dès les premières heures de la matinée, en brandissant une pancarte réprobatrice: "Plus de 10 millions de livres pour les funérailles d'une conservatrice!". "Nous allons dépenser plus de dix millions en période d'austérité", se plaignait aussi Casper Winslow, 22 ans, venu rejoindre un groupe de manifestants qui ont tourné le dos au cercueil au passage de la procession funéraire. Sur Facebook, les opposants à la "Dame de fer" s'indignaient que l'enterrement de "la personne qui a été à l'origine de 30 ans de coupes budgétaire dans l'Etat-providence" pèse sur les deniers publics. Des pétitions ont circulé pour la privatisation des funérailles de la "fossoyeuse" de pans entiers de l'industrie britannique, jugés non rentables. Le sujet a même été débattu mardi soir au parlement, alors que le corps de la "Dame de fer" reposait encore tout à côté, dans une chapelle de l'édifice, avant son transfert à St-Paul. Ces funérailles virent "à la canonisation", s'est plaint le député d'opposition George Galloway. Elles sont "trop chères, trop fastueuses, trop royales".