L'attentat qui a visé mardi le siège de l'ambassade de France à Tripoli a relancé le débat sur l'insécurité dans le pays. Presque deux années après la chute du régime de Kadhafi, la Libye peine à assurer la sécurité et à faire face au trafic d'armes ainsi qu'aux groupes de miliciens. En effet, la situation sécuritaire demeure une des principales préoccupations des nouvelles autorités libyennes. Des milices et des groupes armés continuent à défier l'autorité de l'Etat et sèment l'anarchie dans le pays et au-delà. A plusieurs reprises, les autorités tunisiennes et algériennes faisaient état d'arrestations de trafiquants d'armes et de terroristes, surtout au niveau des frontières est et sud-est du pays. L'Algérie a eu à subir, rappelons-le, une importante attaque terroriste en janvier dernier à In Amenas, au niveau du site gazier de Tiguentourine, provoquant la mort d'une quarantaine de ressortissants étrangers employés au niveau du site. Pour l'ancien diplomate français à Tripoli, Patrick Haimzadeh, qui s'est exprimé hier à ce sujet devant la presse française, la situation en Libye est «très instable», ajoutant qu'«il n'y a plus d'Etat depuis la chute de Kadhafi, car la société s'est militarisée et est aux mains de milices armées, dont certaines sont islamistes». Pour ce diplomate, la France est visée à travers l'attentat ciblant son ambassade à Tripoli. «La guerre déclarée au Mali contre les terroristes, qui sont des islamistes, est considérée par un certain nombre d'activistes comme une ingérence étrangère, une attaque de l'Occident contre les musulmans», a-t-il tenu à argumenter. La Libye est confrontée aujourd'hui à l'idéologie salafiste et aux différents groupes radicaux. La destruction des mausolées des saints musulmans est là pour témoigner des transformations subies par la société libyenne depuis ces deux dernières années. Des médias évoquent aussi que des membres d'Aqmi au Sahel ont trouvé refuge en Libye. Des attentats ciblés L'attentat ayant ciblé l'ambassade de France à Tripoli est loin d'être le seul cas à ce jour. De nombreux attentats terroristes ont été commis durant l'année 2012 et 2013. Et les plus importants actes terroristes sont ceux qui ont touché des représentations diplomatiques et des services onusiens. En juin 2012, l'ambassadeur britannique échappait à une attaque dans son véhicule. Deux de ses gardes du corps étaient blessés dans cette attaque à la grenade revendiquée par des extrémistes se réclamant d'Al-Qaïda. En juin 2012, un groupe d'hommes armés a débarqué dans le consulat tunisien de Benghazi pour «protester contre une exposition en Tunisie qui insulte l'islam». Un agent de sécurité avait raconté que 20 hommes sont entrés avec des kalachnikovs et ont brûlé le drapeau tunisien. En septembre 2012, le consulat des Etats-Unis à Benghazi, dans l'est de la Libye, avait été la cible d'une attaque terroriste spectaculaire, qui fut fatale à l'ambassadeur américain Christopher Stevens et à trois autres Américains. Les autorités américaines ont décidé alors de déployer des Marines pour renforcer la sécurité des postes consulaires et autres intérêts américains. L'ampleur de cet attentat a suscité l'indignation internationale et la déception quant aux changements intervenus en Libye, qui est devenue, pour certains analystes, «un sanctuaire du terrorisme». La liste des actions terroristes ne se limite pas à ces faits. Toujours durant l'année 2012, un groupe «djihadiste» avait attaqué les locaux du Comité international de la Croix rouge, accusé de se livrer à «la propagation du christianisme à Benghazi», sachant que les bureaux de la Croix-Rouge à Misrata étaient déjà visés par une explosion. Le 10 décembre 2012, c'est un convoi de l'ONU qui était attaqué, dans la région de Khoms, à une centaine de kilomètres à l'est de Tripoli. Deux véhicules ont été la cible de tirs, qui n'ont pas fait de blessés. En janvier 2013, le consul d'Italie à Benghazi, Guido De Sanctis, a failli être tué. Il avait échappé à un attentat. Il circulait dans sa voiture blindée lorsque des tirs ont eu lieu, mais personne n'a été blessé. Ces actions terroristes reflètent l'état de l'insécurité régnante dans ce pays livré également aux actes d'enlèvement et de confrontations armées entre milices et tribus.