Partenaire privilégié des nouvelles autorités libyennes, pour son rôle dans le renversement du régime du colonel Kadhafi, la France voit ses intérêts sérieusement menacés en Libye, où son ambassade a été la cible, hier, d'un attentat, qualifié d'“acte terroriste" par Tripoli. L'insécurité croissante en Libye avec des milices qui y font la loi et dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l'armée française est intervenue contre les islamistes radicaux a fini par mettre en péril les intérêts des Occidentaux, notamment la France, dont l'ambassade dans la capitale libyenne a été endommagée hier par l'explosion d'une voiture piégée à 5h GMT, soit 7h locale. La violence qu'ont fuie les pays occidentaux de Benghazi semble les avoirs rattrapés à Tripoli. Reste à savoir maintenant si cet attentat est l'œuvre de groupes radicaux locaux, où le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), visés par l'intervention française dans le nord du Mali, qui avaient menacé en représailles de s'attaquer aux intérêts français, sont passés à l'acte en terre libyenne. Si deux gardes français ont été blessés dans l'attentat et d'importants dégâts ont été constatés, un véritable carnage a été évité car le personnel n'était pas encore en place. Cela a été confirmé par le chef de la diplomatie française, qui a indiqué : “Cet attentat aurait pu être absolument un carnage. Il s'en est fallu de quelques minutes : si le personnel avait été là, cela aurait été un drame épouvantable." “Cet attentat était fait pour tuer. La France ne cédera pas", a-t-il souligné, avant d'ajouter : “C'est un attentat qui vise non seulement la France, mais l'ensemble des pays qui luttent contre les groupes terroristes." C'est la première attaque contre des intérêts français en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, à laquelle Paris avait grandement contribuée. L'attentat, qui a été qualifié d'“acte terroriste" par les autorités libyennes, a fait réagir le président français, François Hollande, lequel a affirmé attendre de la Libye que “toute la lumière soit faite" sur cet attentat. Des enquêteurs libyens sont rapidement arrivés sur les lieux de l'attentat, où les forces de sécurité tentaient d'évacuer le secteur. Prenant le dossier en main, le parquet de Paris a ouvert une enquête, alors qu'un groupement spécialisé de la gendarmerie française a été envoyé sur place, selon une annonce du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. “Nous avons décidé d'envoyer un groupement du GIGN sur place et aussi le renforcement dans toute la zone des mesures de sécurité", a déclaré le ministre. Il a précisé que les activités du Centre culturel français à Tripoli et de la “petite école" avaient été suspendues. “On a entendu une forte détonation à 7h. C'était une très grave erreur d'installer l'ambassade de France dans notre quartier", a dit l'un des voisins accourus sur les lieux. L'ambassadeur de France, Antoine Sivan, arrivé sur place après l'attentat, n'a pas souhaité faire de commentaires. Quant au ministre libyen des Affaires étrangères, Mohammed Abdel Aziz, il a déclaré à la presse : “Nous condamnons fermement cet acte que nous considérons comme un acte terroriste contre un pays frère qui a appuyé la Libye durant la révolution." “Nous regrettons cet acte et nous exprimons notre solidarité avec le gouvernement et le peuple français", a-t-il ajouté, en annonçant la formation d'une commission franco-libyenne pour enquêter sur les circonstances de l'attaque. Il s'est refusé à toute indication sur les motifs ou les auteurs de l'attentat, soulignant qu'il fallait attendre les résultats de l'enquête. Pour rappel, un attentat contre le consulat américain à Benghazi en 2012 a tué l'ambassadeur et trois autres Américains. Les violences sont souvent imputées à des islamistes radicaux, pourchassés sous Kadhafi et qui règlent leurs comptes. La sécurité demeure l'apanage de milices dans un nombre de secteurs importants, qu'il faut intégrer dans l'armée ou la police. M T Nom Adresse email