World Music, dites-vous ? Non, cela n'a rien à voir (ou si peu) avec ce mot galvaudé qu'est aujourd'hui la mondialisation. World Music est plutôt une expression bien sympathique apparue au milieu des années 1980. Son auteur serait, dit-on, un détaillant de disques de Londres spécialisé en jazz, blues, reggae et autres musiques dont il ne savait trop où placer les disques, c'est-à-dire essentiellement des enregistrements de musiques africaines, indiennes, latino-américaines, moyen-orientales. Il aurait cherché une dénomination qui puisse englober tout ce qui n'est pas identifié dans les grandes catégories des musiques populaires comme le rock, la pop, le jazz, le blues. Il aurait apposé ainsi, selon la légende, une nouvelle étiquette dans ses bacs : World Music. Mais plus sérieusement, ce serait surtout durant l'été 1987 qu'un pub branché du nord de Londres, The Empress of Russia, ait accueilli une série de débats entre des représentants de labels discographiques, des tourneurs, des managers et des journalistes spécialisés en musique africaine essentiellement. La discussion aurait porté notamment sur la manière de promouvoir ces musiques et surtout de les faire accepter par les détaillants (anglo-saxons) de disques en leur donnant une étiquette reconnaissable pour les présenter, les stocker et les gérer. Bref, inventer leur marketing. Tout le monde aurait fini par se mettre d'accord sur l'expression «World Music» ou musique du monde en français. Aujourd'hui, cette catégorie «fourre-tout» a maintenant des sous-catégories comme «ethno-beat», «afro-beat», «ethnic music», «sono mondiale», «arts traditionnels», «folk mondiale branchée», «folklore figé», «roots»... Pour l'histoire, ce sont Peter Gabriel, Brian Eno, David Byrne, Bill Laswell, Paul Simon, Steve Hillage et Sting qui ont été les premiers artistes occidentaux à faire le voyage et à aller chercher sous d'autres cieux d'autres rythmes et d'autres sonorités pour nourrir leur musique.