Tout a une fin, et vint le moment où il fallait se dire au revoir. Mais Tabarka résonne toujours comme une promesse d'y revenir un jour... L'ultime soirée du festival a été particulière dans la mesure où il y eu changement carrément de tempo. Cette dernière journée, c'était le 30 août, le tomber de rideau de cette 3e édition du Tabarka World Music a été animée par le groupe reggae, Aswad, rendu célèbre en 1988 grâce à son tube: Don't turn around. Depuis, les cinq Jamaïcains de Grande-Bretagne n'ont cessé de porter la flamme créole à son paroxysme. Formé en 1975, ce groupe qui a eu à travailler avec Bob Marley, est considéré comme l'un des meilleurs de la planète reggae du moment. Les 5 musiciens disent être marqués aussi par le son de shagy dont ils feront une explosive démonstration sur scène. Shine shine ! n'a cessé de crier une partie du public réclamant le tube le plus connu du groupe qui fit la sourde oreille. Mais le morceau sera servi à la fin du concert, le clôturant en apothéose. Loin du reggae soft que l'on connaît, Aswad a su colorer le sien par des fusions de styles musicaux différents comme la dance hall, le funk , le hip hop et le dub. Très entraînant en tout cas. La voie du succès est ainsi toute tracée pour les shinning rastas. «Tabarka est un rêve pour tout le monde» nous a confié M.Slouma, le directeur de l'Office tunisien du tourisme Et ce festival est «la cerise sur le gâteau» que les organisateurs se sont assigné la tâche de rendre plaisant et agréable à vivre grâce à leur professionnalisme et à leur rigueur. Aujourd'hui, Tabarka possède 4 festivals. En plus du jazz et de la world music, les festivals rai et latino qui viennent juste après, font désormais partie du paysage artistique de la région. Quoique bien gérés, leur programmation, avoue Mourad Matari, directeur de scoop organisation, -se fait dans des conditions assez difficiles, énumérées par le cahier des charges.» Et d'expliquer : - Il y a d'abord trop de barrières, trop de contraintes qui ne sont pas tout à fait à même de nous permettre d'engager n'importe quel artiste. A titre d'exemple, le programme du jazz ou du world festival que j'avais en tête avant la lecture du cahier des charges était tout autre. Je n'ai pas pu le coucher sur papier parce que je n'avais que 10 jours.» Soucieux du devenir du Jazz festival , Mourad Matari affirme: «Il est en train de dériver vers le commercial à cause de ces contraintes. Il est à la bonne période, il a une aura internationale et a su apporter le plus. Maintenant, il faut le préserver de tout. Le laisser évoluer comme il a toujours été. Il faut le laisser prendre son élan pour décoller». A propos d'aider les pays voisins, le producteur de Scoop organisation se dit être à l'écoute de tout ce qui se passe en Algérie et au Maroc. - Je suis ouvert à toute proposition. Je m'intéresse à ce qui se passe ailleurs de très près. J'essaie de voir quels sont les inconvénients et les avantages de chacune des régions et je suis prêt à apporter ce savoir-faire, cette expérience acquise et cette confiance qu'ont les artistes pour notre organisation et faire quelque chose avec des partenaires locaux pour développer notre activité au Maghreb. Toutefois, l'entrepreneur de spectacles tunisien s'interroge sérieusement quant à la meilleure façon d'organiser ces festivals, Mourad Matari se demande: «Est-ce bon de faire quatre festivals en été à Tabarka? Est-ce que cela apporte quelque chose au tourisme? Est-ce bon de diminuer les moyens des festivals jazz et world au profit des festivals latino et rai ? Si ces questions me viennent à l'esprit, peut-être faudrait-il organiser un tour de table avec tout le monde afin d'apporter des réponses...». Pourquoi pas? A méditer la maxime de Friedrich Nietzsche : «Sans la musique, la vie serait une erreur». Et comme dirait mon ami Aziz de Sinonj, «Que vive la musique!»