La solidarité est la seule arme pour les habitants d'Ath Zmenzer, 15 km au sud de Tizi Ouzou, de voir Yazid Kahil, fils d'un entrepreneur d'Ighil El Mel, libéré sain et sauf par ses ravisseurs. La victime, âgée de 24 ans, n'a pas donné signe de vie depuis qu'elle son enlèvement lundi soir, non loin du domicile familial, par un groupe d'individus armés. On parle d'une forte demande de rançon, mais les proches de la victime n'ont ni infirmé ni confirmé l'information. Les comités de villages de cette localité, touchée de plein fouet par l'insécurité ces dernières années, se sont constitués en coordination inter-villages dans l'objectif de libérer la victime. En signe de solidarité, une grève générale a été observée durant toute la journée de jeudi dernier à Ath Zmenzer. La localité a été coupée du monde. Les commerçants et les édifices publics ont baissé rideau. Le chef-lieu, Alma, était une ville morte. Les citoyens de la région ont organisé une marche au chef-lieu communal pour exiger des ravisseurs la libération de Yazid sans aucune condition, le jour même de la grève. Une foule nombreuse a pris part à la manifestation. L'insécurité est évoquée avec insistance par les marcheurs, sachant que la localité est dépourvue de structure sécuritaire de proximité, alors qu'elle fait face à une recrudescence d'actes terroristes et de banditisme depuis plusieurs années. D'autres actions de protestation, selon un membre de la coordination d'Ath Zmenzer, sont prévues dans les prochaines heures, au cas où ses ravisseurs ne le relâchaient pas. Une caravane devait sillonner, à partir d'hier après-midi, tous les maquis de la région, afin de chercher l'otage et faire pression sur ses ravisseurs. La population locale est plus que jamais mobilisée. «Nous sommes vraiment désemparés. On ne sait plus quoi faire. A chaque fois on croit que c'est le dernier enlèvement, mais les terroristes persistent. Ils agissent comme ils veulent. Nous avons décidé de rester mobilisés dans l'espoir de voir le jeune Yazid rentrer chez lui le plus vite possible», nous dira un habitant d'Ath Zmenzer. Un climat d'insécurité et de peur règne dans toute la daïra de Béni Douala. La population locale ne sait plus quoi faire devant les enlèvements et les disparitions en série. Les fils d'entrepreneurs, d'industriels et de commerçants sont les plus ciblés par les groupes armés. Plus de 70 enlèvements sont enregistrés au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou depuis l'avènement de ce fléau, vers la fin de l'année 2005. Une wilaya qui détient le sinistre record du nombre de kidnappings au niveau national.