Les causes des incendies de forêt, restant inconnues, elles constituent une contrainte pour améliorer la prévention et lutter efficacement, comme ceux qui ont ravagé 99 061 hectares en 2012. Le bilan de l'année écoulée est lourd et il est «considérablement supérieur à celui de la moyenne annuelle de la dernière décennie (2002-2011) qui était de 23 372 hectares», a déploré, jeudi à Alger, Amar Boumezber, directeur de la protection de la flore et la faune au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Dans son intervention à la réunion de la Commission nationale de protection des forêts (CNPF), chargée de la préparation de la campagne 2013 de prévention et de lutte contre les feux de forêt, il a précisé que «dans 94% des cas, les causes de déclenchement de feux ne sont pas identifiées», annonçant le lancement prochain d'une formation d'agents investigateurs de la direction générale des forêts et de la Gendarmerie nationale. Une dizaine d'études d'aménagement uniquement ont été réalisées sur les 300 forêts existantes. «Si chaque forêt dispose d'un plan d'aménagement mis en œuvre, il sera possible de régler 90% des problèmes liés aux incendies», a-t-il estimé. Pour améliorer son système de prévention, la Direction générale des forêts (DGF) a bénéficié du soutien du système européen de lutte contre les feux de forêt pour accompagner les forestiers algériens dans le domaine d'investigation sur les causes des feux. Cette formation permettra à l'avenir de réaliser une étude d'investigation sur les causes des feux de forêt qui ont ravagé l'année dernière, plus de 52 000 hectares de forêt, soit 53 % de la superficie touchée, suivie de 25 839 hectares de maquis (26%). Craignant des pics de températures similaires à ceux de 2012, la commission œuvre pour l'amélioration du dispositif de lutte à travers la décentralisation de l'action, le renforcement des moyens d'intervention pour les services des forêts et la Protection civile et l'affrètement des hélicoptères de la compagnie aérienne Tassili Airlines pour augmenter les capacités d'intervention aérienne. Le directeur général des forêts, Mohammed Sghir Noual, a indiqué que la commission a sollicité l'Armée populaire nationale (ANP) pour contribuer à la lutte aérienne afin d'éviter la propagation des flammes et intervenir rapidement dans les massifs accidentés ou inaccessibles par voie terrestre. Cependant, l'insuffisance de postes de vigiles pour signaler les départs de feux et le manque de points d'eau (1 pour 500 hectares) restent des entraves à une intervention rapide et efficace. Selon le représentant de la Protection civile, ces contraintes retardent l'intervention. Le nombre de points d'eau est actuellement de 2575, situés en forêt ou à proximité pour approvisionner les camions de la Protection civile, qui mobilisera un effectif de 11 440 éléments. A compter de cette année, son dispositif s'élargira aux palmeraies et aux exploitations agricoles durant la campagne moisson-battage. Les équipements de lutte seront installés également dans les massifs importants. Chacun dans son domaine, Sonelgaz, SNTF et les directions de travaux publics sont associés pour prévenir contre les feux de forêt en engageant des travaux d'entretiens des voies ferrées, des tranchées sous lignes de haute tension et les accotements des routes longeant les massifs forestiers. Lors de la rencontre, il a été relevé des défaillances des programmes d'entretiens de ces intervenants, invités à s'impliquer davantage dans le programme de prévention afin de minimiser les risques de départ de feu. Du fait que la lutte est une mission intersectorielle, de nouvelles dispositions ont été mises en œuvre dès cette année afin d'impliquer les wilayas, les collectivités locales, les exploitants agricoles et les riverains. Ainsi, 1308 comités opérationnels communaux et 461 comités opérationnels de daïra ont été créés, en plus des 1562 comités de riverains qui jouent un rôle primordial dans la prévention, la sensibilisation et l'alerte. La décentralisation du dispositif de lutte, pour la première fois, a pour rôle d'assurer une première intervention sur les foyers de feux naissants. Dans 40 wilayas, la direction générale des forêts mobilisera 3500 éléments à travers ses 369 postes de vigie chargés de la surveillance et l'alerte et ses 504 brigades mobiles chargées de la première intervention. Le dispositif de lutte, qui s'étalera de juin à octobre, sera réévalué selon les besoins. M. Boumezber a plaidé pour une gestion intelligente des moyens humains et matériels mobilisés.