La wilaya d'El Oued est-elle à l'abri des grandes menaces criminelles ? A cette question, le lieutenant-colonel Riki Mohamed, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de cette wilaya du Sud-Est, n'hésite pas à répondre par l'affirmative. «Il n'y a que de la petite criminalité qui sévit épisodiquement dans cette wilaya. Elle se limite à des affaires de consommation de drogue et de boissons alcoolisées vendues clandestinement dans la majorité des cas», affirme cet officier supérieur de la gendarmerie. Néanmoins, cette wilaya frontalière avec la Tunisie se trouve confrontée à la contrebande et au trafic de marchandises de tout genre. En 2012, la lutte contre le crime organisé, menée par les gendarmes, s'est traduite par des saisies de plusieurs produits alimentaires, d'importants lots de pièces détachées de véhicules et surtout une quantité considérable de carburant. La valeur globale de ces produits a été estimée à 380 millions de dinars et le nombre d'individus arrêtés a dépassé la quarantaine. Autre fléau qui préoccupe les services de sécurité à El Oued, c'est le trafic et le vol de véhicules. En 2012, la gendarmerie a eu à résoudre une cinquantaine d'affaires. Mais ces cas recensés restent insignifiants comparés à l'ampleur prise par ce phénomène dans les wilayas du nord du pays. Il n'en demeure pas moins qu'elle constitue une source d'inquiétude qui hante les populations de cette wilaya. Et pour cause, la manière avec laquelle les automobilistes sont dépossédés de leurs véhicules revêt un caractère spectaculaire, selon le lieutenant-colonel Riki Mohamed. Agressés et abandonnés en plein désert «Des chauffeurs de taxi, des clandestins et des particuliers sont la cible des voleurs de véhicules. Ils sont agressés sauvagement dans des endroits isolés du désert par ces voleurs qui disparaissent dans la nature», nous explique notre interlocuteur. Sur un autre volet, le premier responsable de la gendarmerie nous fera savoir que, contrairement aux autres populations du Sud, en particulier celle de Ouargla, où le chômage fait l'objet de dénonciation à travers des actions de protestation, les gens d'El Oued semblent faire de l'oisiveté leur ennemi juré. «Ils se débrouillent toujours une occupation pérenne. Ils versent généralement dans le commerce à travers la création de mini-entreprises surtout dans le domaine des cosmétiques», indique la même source. De ces entreprises, beaucoup opèrent dans l'informel et, plus grave encore, elles n'hésitent pas à recourir à la contrefaçon. L'un des investissements privés faisant par ailleurs la fierté de la population de cette wilaya n'est autre que la création en 2007 d'une école de formation en aéronautique l'Aéro-Club de Oued Souf. Dirigée par Gouri Abdelkader, cette école a été agréée en 2008 par la direction de l'aviation civile et de la météorologie relevant du ministère des Transports. Des stagiaires relevant des différentes wilayas affluent vers cet institut pour bénéficier d'une formation théorique dans le domaine de l'aviation répartie sur plusieurs matières enseignés en langue française. Cette formation est suivie d'exercices pratiques d'une durée d'une cinquantaine d'heures. Les «niches» de la contrefaçon «Des ateliers de fabrication de produits contrefaits prolifèrent dans cette wilaya en dépit d'une lutte acharnée menées par la gendarmerie.» Le lieutenant-colonel Riki ne manquera pas de mettre l'accent sur le danger que représentent ces ateliers en termes d'atteinte à la santé publique. Il mettra en évidence, l'embarras des patrons d'entreprises locales, en particulier celles relevant du domaine des cosmétiques et de la parfumerie, dont le produit est imité dans des ateliers clandestins. «Pour faire face à la contrefaçon, les gérants des sociétés locales sont chaque fois contraints d'apporter de nouvelles modifications à leurs nouveaux produits pour mieux les distinguer sur le marché», indique-t-on. Le groupement de la Gendarmerie nationale d'El Oued a initié une énième opération «coup-de-poing»dans la nuit de mardi à mercredi afin de procéder au démantèlement des entreprises de contrefaçon. L'une d'entre elles a été d'ailleurs démantelée au cours de cette opération. Cette dernière s'est traduite par l'arrestation de deux repris de justice notoires surpris en flagrant délit de commercialisation de drogue et de boissons alcoolisées. De notre envoyé spécial Karim Aoudia