L'opération pour laquelle il a été mobilisé 80 véhicules tout-terrain, 45 motocyclistes et cinq groupes cynophiles a bouclé tout le secteur de compétence du groupement de gendarmerie de Tébessa. L'investissement des quartiers de cette ville frontalière s'est soldé par l'identification de 485 personnes dont quatre sont avérées recherchées en vertu de mandats de justice et de 123 véhicules dont un était recherché suite à une plainte pour vol. Il s'est agi, également, de la fouille de 297 autres personnes, 487 véhicules et six magasins. Par ailleurs, dix personnes ont été arrêtées dont trois qui n'ont pas répondu à l'ordre d'appel du service national, deux pour détention et consommation de drogue, une personne recherchée par la justice, un jeune homme pour contrebande de la laine, deux conducteurs de motos immatriculées à l'étranger sans possession des documents de circulation et un conducteur en état d'ivresse ayant tenté de corrompre un gendarme en lui proposant la somme de 10 000 DA. Pour ce qui est de la marchandise saisie dans le cadre de la lutte contre la contrebande, le lieutenant-colonel Mohamed Boussaïd, commandant de groupement de gendarmerie de Tébessa, a cité, entre autres, plus de 10 000 litres de carburant en destination de la Tunisie, 325 jerricans vides utilisés dans la contrebande du carburant, sept réservoirs vides d'une contenance de 200 litres chacun, 6,5 quintaux de laine, 55 bouteilles de différentes marques de boissons alcoolisées et 490 ballots de friperie. Les gendarmes ont saisi, dans la même opération, dix véhicules dont une Renault 25, deux Peugeot 405, deux Peugeot 505, une Nissan 4X4, un Peugeot 103, quatre motos Honda, trois camions et un fourgon J5. En somme, la valeur de la marchandise saisie durant les 24 heures a dépassé, faut-il le rappeler, 1,17 milliard de centimes sans compter la valeur de dix autres véhicules suspects saisis dont quatre Peugeot 505, une Renault Safrane, une Peugeot 406, une Peugeot 405, un camion Sonacome circulant avec des documents et des numéros de châssis faux ainsi que deux tracteurs dont les réservoirs de carburant ont été modifiés. Pour résoudre ces affaires, les services de sécurité auront à saisir l'ingénieur des mines de Tébessa afin de déterminer les circonstances spécifiques à chaque cas constaté. Selon le lieutenant-colonel Boussaïd, une moyenne de dix véhicules saisis par mois est enregistrée en ce qui concerne les moyens de transports douteux ou utilisés par les contrebandiers. Ces derniers optent généralement pour l'abandon de la marchandise et du moyen de transport au cas où ils sont coincés par les services de sécurité, et ce, suite au durcissement des peines à leur encontre, à savoir plusieurs années d'emprisonnement et des amendes allant jusqu'à dix fois la valeur de la marchandise saisie. L'autre problème auquel sont confrontés les services de sécurité dans la lutte contre la contrebande dans la wilaya de Tébessa est l'aspect sociologique basé essentiellement sur les tribus difficiles à gérer dans certaines situations. Autrement dit, les membres des tribus n'hésitent pas à faire face aux gendarmes lors de l'arrestation d'un contrebandier. Ce dernier est généralement couvert par une foule de personnes qui font tout pour empêcher son arrestation même en entrant en confrontations directes avec les éléments des services de sécurité qui subissent parfois des jets de pierres et d'autres agressions avant de pouvoir accomplir leurs missions. A noter, par ailleurs, que durant les quatre premiers mois de l'année en cours, les gendarmes ont traité 166 affaires de contrebande menant à l'arrestation de 45 contrebandiers et la saisie d'importantes quantités de marchandises, dont plus de 85 000 litres de carburant. La valeur globale de la marchandise saisie durant la même période est de près de 20 milliards de centimes contre 5 milliards enregistrés durant la même période de l'année passée. En ce début d'année, plusieurs réseaux spécialisés dans la contrebande de pétards, de cigarettes, de carburant et de produits alimentaires ont été démantelés, en sus des nouvelles formes de contrebande touchant le commerce des oiseaux, les dattes et les pins d'alep transportés généralement à dos d'âne, vu le durcissement des contrôles des véhicules au niveau de tous les axes suspects. 297 km de frontières difficiles à maîtriser Située à l'extrême est du pays, avec une bande frontalière de 297 km avec la Tunisie, la wilaya de Tébessa demeure une plaque tournante de la contrebande, notamment par sa nature difficile et la diversité des axes complexes empruntés par les contrebandiers pour échapper aux services de sécurité et pouvoir réussir des échanges illicites de marchandises avec les pays voisins qui ne font que saigner davantage l'économie nationale. En effet, les dispositifs de surveillance ont été nettement renforcés ces derniers années que ce soit au niveau du chef-lieu de wilaya limitrophe Khenchela, Oum El-Bouaghi, Souk-Ahras et El-Oued ou au niveau des frontières avec la Tunisie, en l'occurrence les quatre points de passage : El-Betita, Bouchebka, Ras-El-Aayoun et El-Meridj. Les groupements des gardes-frontières sont à la fois la première ceinture sécuritaire à faire face contre les activités des criminels tentant de franchir le territoire national via les 300 km des frontières, et la dernière et la plus importante ceinture qui doit bloquer les contrebandiers à destination de la Tunisie, et ayant échappé aux différents dispositifs avant d'atteindre la frontière avec des quantités impressionnantes de carburant et d'autres marchandises locales exportées illégalement. Une visite à ces frontières guidée par le commandant Farid Boutaleb, chef d'état-major du groupement de gendarmerie de cette wilaya, permet de se rendre compte de la difficulté de la mission des GGF face à une nature difficile et une activité criminelle qui ne cesse de se développer et s'adapter aux différents dispositifs de lutte. A citer, à titre d'exemple, ces réseaux constitués de malfaiteurs des deux pays voisins qui s'organisent et se spécialisent davantage dans certaines formes de criminalité tels le trafic de véhicules et la contrefaçon de tabac à chiquer dont les sacs sont produits en Tunisie et introduits clandestinement sur le territoire national via Tébessa avant de traverser d'autres wilayas et arriver à Aïn Ouelmane (wilaya de Sétif) où des ateliers clandestins se chargent de la production d'un tabac à chiquer contrefait et nocif, avant de le mettre le vendre sur le marché au détriment de la santé publique. En fin de semaine, les éléments du 14e GGF d'El-Aouinat ont saisi plus de 800 sacs de tabac contrefait en provenance de la Tunisie. Rencontré sur le terrain, le commandant Berricha, commandant du 14e GGF nous a indiqués que ses éléments occupent le terrain en permanence dans un cadre répressif et préventif contre toutes les menaces pouvant provenir des frontières. Il indique que durant les quatre premiers mois de l'année en cours, ses éléments ont effectué 9 506 missions au niveau des frontières dont 4 236 embuscades, 5 135 patrouilles et 135 barrages, soit une hausse de plus de 14% par rapport à la même période de l'année 2009. La première ceinture sécuritaire a traité, depuis le début de l'année en cours, plus de 130 affaires de contrebande menant à l'arrestation de 22 contrebandiers et la saisie de 18 véhicules ainsi que des quantités importantes de différentes marchandises dont près de 30 000 litres de carburant, 147 000 sacs de tabac à chiquer, une centaine de bêtes de somme et plus de deux tonnes de produits alimentaires. La valeur globale de la marchandise saisie, durant les quatre mois de cette année, a dépassé 1,5 milliard de centimes, et ce, notamment au niveau de la région de Bouchebka, Doghra et Henchir Zegag. Pour ce qui est de la stratégie de la Gendarmerie nationale dans la lutte contre toutes les formes de criminalité au niveau des frontières, le colonel Abderrahmane Ayoub, responsable de la communication au commandement de la Gendarmerie nationale, a indiqué que son institution a mis en place un plan de renforcement en hommes et en moyens matériels et procède à la création de nouveaux postes avancés avec des distances réduites et dotés de tous les moyens nécessaires afin de permettre aux GGF d'accomplir leurs missions avec plus d'efficacité et dans de meilleures conditions dans la mesure où il s'agit de la première ceinture de sécurité du pays. De notre envoyée spéciale à Tébessa,
