Le groupe Raïna Diwan, créé en 1984 et reconstitué en 2003, a mis sur le marché en mars 2008 son dernier album : «Style Diwan Modern Music». Avec peu de moyens, mais beaucoup de volonté, le groupe que dirige Belamri Hadji revient avec un album métissé au rythme du guembri. Dans cette interview, Hadji Belamri parle de sa musique et de son groupe. Vous considérez-vous comme un pionnier dans ce style qui mêle raï et diwan ? La musique pour moi est l'expression de l'amour que je porte à ce pays ou peut-être sa métaphore. Pour dire que je me considère comme un pionnier, je crois que l'expérience qu'on a acquise il y a plus de 25 ans nous permet au moins de sa faire un nom dans ce genre. Si je continue à faire ce métier, qui dans ce pays n'en est pas vraiment un, c'est parce que je crois fermement en l'être humain, en l'être humain de demain. Sidi Bel Abbès est le berceau du raï, comme tout le monde le sait, avec Zergui qui est le prétendu précurseur de ce genre. La vrai raï est le genre propre et écouté par tout le monde. Ce qu'on entend actuellement est produit dans un but essentiellement commercial, mais n'a certainement aucune relation avec le vrai raï. C'est pour cela que le raï a pris de nouvelles formes et s'est mêlé avec d'autres genres. Le groupe Raïna Diwan a opté pour le diwan, car c'est un genre qui relève beaucoup de notre tradition. Le diwan en tant que genre n'est pas simplement un genre musical exotique. Sa signification est bien plus profonde. Le nom complet du diwan est en réalité «diwan salihine», ce qui signifie réunion des gens de bien ou hommage aux ancêtres vertueux. Le but de mêler le raï et le diwan est de donner au genre un style purement algérien et surtout qui flatte l'ouïe sans gêner avec ses paroles, comme on a l'habitude avec le raï de nos jours. Vous abordez de multiples sujets dans vos chansons, notamment la harga. Voudriez-vous transmettre un message aux jeunes ? Le sujet de la harga est un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. De jour en jour. Moi en tant qu'artiste je trouve vraiment pénible quand je lis quotidiennement dans les journaux que des jeunes tentent de sacrifier leur vie pour «yektâa el behar». A vrai dire, le but ne vaut pas ce grand risque. Personnellement, j'ai vécu en France pendant 7 ans et je me suis rendu compte que ce n'est pas du tout le paradis et qu'ici ce n'est pas aussi l'enfer. Il paraît que votre ville natale, Sidi Bel Abbès, occupe une place importante dans votre carrière ? A vrai dire, Sidi Bel Abbès est pour moi un peu le berceau du raï. C'est dans cette ville que nous avons fait la connaissance de grands artistes, tels que le groupe Raïna Raï, Naâm, Abderrahmane Denden et beaucoup de chouyoukh. Cette ville a éduqué en nous le sens de l'art et de la convivialité. Quelle est la relation de Raïna Diwan avec le groupe Raïna Raï ? Raïna Hak est le fils du groupe Raïna Raï qui après la séparation de ses membres a recommencé avec notre ami Attar et bien sûr avec l'aide du fils du grand «maâlem» du guembri et du diwan, Abderrahmane Denden. Quels sont vos projets ? Nous préparerons actuellement un nouvel album sous le nom de «Dayem Ellah». Nous serons également les hôtes de Aïn Témouchent le 8 mars pour célébrer la journée de la femme.