La musique du groupe est une fresque colorée aux confluences africaine, gnawi, arabe et autres rythmes chaâbi et blues... C'est la troisième fois qu'ils se produisent en Algérie. Leur musique est une douche de plaisir estival. Organisées par l'Onci, ces soirées artistiques qu'abrite le Casif de Sidi Fredj ont accueilli mercredi dernier le concert du groupe Gaâda Diwane de Béchar. Avec un peu de retard, le concert débutera aux environs de 22h 30. Ils sont huit musiciens: Eric à la basse, Tayeb au guembri, violon et oûd, Adel à la percussion (derbouka), Houari au clavier, Hervé à la batterie, Serge à la guitare, Abdelati au chant et Aïcha Labgaâ au chant et percussion. Les musiciens entament la gaâda par un bienvenu aux présents. Tout doucement, le rythme s'échauffe et la musique se veut une guérisseuse de l'âme jusqu'à ce que le hal (plénitude) pénètre le corps et inonde l'esprit. Gaâda nous fait voyager à travers son répertoire du diwane multipliant les confluences et cultures africaine berbère et arabe mêlées aux musiques algériennes chaâbi, bédouie et d'autres venues de contrées plus lointaines tels que le gospel, le blues, etc. Le diwane étend sa vocation spirituelle. Le public jeune et moins jeune occupe la piste de danse gaiement en se laissant aller au son gnawi à la derdba feignant la transe. Les chants mystiques traditionnels de gaâda sont un appel à Dieu pour apaiser le feu intérieur de la passion et de la servitude. Comment est né le Diwane? Au départ, dans les années 70, un regroupement culturel se constituait autour de la communauté bécharie vivant à Paris. Au début, ce sont de simples travailleurs célibataires qui se réunissaient le soir pour évoquer les souvenirs dans une ambiance festive, où le chant se mêle à la danse de la hadhra. Progressivement, cette tradition s'est développée et des travailleurs et des musiciens d'autres régions de l'Algérie rejoindront le groupe. Gaâda s'est structuré et peu à peu a été amené à perfectionner son style musical très remarqué : le Diwane. A l'origine, ce genre de musique était pratiqué par les descendants d'esclaves africains. Il s'est propagé dans les couches populaires des villes du Maghreb. Le Diwane est aujourd'hui ancré dans le Sud algérien, il s'est transmis progressivement au Nord. Il correspond à un cérémonial métissé qui établit la jonction entre l'Afrique noire et l'Afrique blanche. Le Diwane est un creuset de fraternisation entre les peuples noirs, arabes et berbères. Un bel exemple de tolérance. C'est à l'intersection de l'Afrique, du Grand-Sud et du Nord de l'Algérie, à proximité du Maroc, qu'est situé Béchar. C'est un des lieux de cette transhumance musicale magnifiquement captée par le groupe mythique Nass El Ghiwane ou par Ahl Elil de Timimoun. Pays de mineurs, Kenadsa, c'est parmi les ouvriers et les artisans que s'y est perpétuée et enrichie la tradition du Diwane. C'est au fond des mines qu'est né aussi le mode «Foundou», d'où l'hommage rendu à Alla. Hers tbel oual ghaïta, Ya Djilali dini n'zour, Rebi sebhanek ou encore Sidi M'hamed Bouziane sont autant de titres évocateurs qui aspirent à l'élévation. Belle, sauvageonne à la voix rauque et bluesy, Aïcha Labgaâ a envoûté le public et surtout la jeune assistance. Dans une musique colorée, effervescente, mystique, Gaâda chante l'amour, l'espoir et la délivrance. Entre Nord et Sud, le Diwane concilie tradition et modernité. Gaâda nous guide vers le Touat, le Gourara, au bord de l'erg occidental jusqu'à l'Atlas, en passant par les Hauts-Plateaux algériens. Sensible à la détresse de ses semblables, le groupe a animé, hier soir, un concert à El Mougar au profit des victimes des inondations de Timimoun. Inlassable et toujours happé par la recherche, le groupe Gaâda Diwane de Béchar est en pleine préparation d'un album qui sortira à la rentrée. Pour rappel, leurs deux albums Ben Bouziane et Ziara sont disponibles chez Belda Diffusion et Belda Store à Meissonnier.