La localité de Maâtkas est une référence lorsqu'on parle de poterie. D'une richesse inestimable, cette région, située à 25 kilomètre au sud-ouest de Tizi Ouzou, peine à perpétuer un art et une tradition dont seule la dextérité de nos aïeules a su maintenir contre vents et marrées. Aujourd'hui, il s'agit de maintenir cet art en continuant à valoriser la production et en organisant chaque année le festival local de la poterie qui est à sa 4e édition cette année. Les efforts fournis par les organisateurs de cette manifestation culturelle, qui aura lieu du 25 au 30 juin au Centre de formation professionnelle, sont à relever puisque d'année en année, d'une édition à une autre, le festival gagne en maturité, draine plus de visiteurs. De quoi satisfaire les centaines d'artisans qui continuent de transmettre leur savoir-faire et tentent de redonner un souffle nouveau à une tradition qui semble reculer devant la modernité. Des expositions et des ventes de divers produits faits à la main par plus de 100 participants sont au programme de ces cinq jours de festivité. Des journées qui seront agrémentées d'animations culturelles et de galas artistiques au niveau de la placette de la mairie, histoire d'égayer les visiteurs. Le programme prendra une autre tournure à partir de la seconde journée avec l'entame des ateliers et des conférences-débats. Ces dernières ont pour but de promouvoir encore plus la fabrication de la poterie et rapprocher les générations nouvelles des traditions et du patrimoine culturel. Parler des symboles décoratifs de la poterie de Mâatkas, dont l'origine remonte à la Préhistoire, c'est dire, selon les historiens, qu'«ils sont à l'origine des écritures alphabétiques méditerranéennes, dont le tifinagh». Et d'ajouter : «Plusieurs signes décoratifs se sont transmis, fidèlement, à travers les âges. Autrement dit, le répertoire des décors est riche, les couleurs d'usage se sont maintenues depuis des époques lointaines.» Ils seront là donc. M. Medjani, du Musée des antiquités, M. Abdenacer Bourdouz et Mlle Akila Djelid, qui animeront des conférences à l'amphithéâtre du CFPA. Cette 4e édition sera marquée par la participation de vingt wilayas, entre autres Tamanrasset, Tindouf, Adrar, Ghardaïa, Alger, Boumerdès, Blida, Tipasa, Batna, Khenchela, Sétif... Durant la journée de clôture, des prix et des diplômes seront remis aux participants. Enfin, il est à noter qu'une telle manifestation culturelle, qui rend l'écho des traces laissées par nos aïeux, mais aussi de le faire durer dans le temps et l'espace, est organisée à la fin de l'année scolaire, faute de structure d'accueil qui pourtant a été promise par le ministre du Tourisme et de l'Artisanat lors d'une précédente visite durant laquelle il avait annoncé un ambitieux projet de réalisation de quatre centres artisanaux à Maâtkas, Djemâa Saharidj, Ath Yanni et Ath Hichem. Aujourd'hui, une année après cette annonce, qui avait redonné une lueur d'espoir aux artisans, connus pour leur attachement aux activités artisanales, le projet est resté vœu pieux. La fine vannerie à Djemaâ Saharidj (Mekla), la bijouterie à Ath Yanni, le tapis à Ath Hichem et la poterie à Maâtkas risquent de disparaître aux fils des ans. Les centres «promis» étaient censés non seulement sauver ces différents arts mais aussi et surtout de leur redonner une place de choix dans les traditions et culture locales.