Il va falloir remonter très loin dans le temps pour trouver trace d'une médaille de la lutte algérienne dans une compétition internationale. Mouataz Djediat a eu l'honneur de rectifier le tir en s'adjugeant, dimanche soir, la médaille de bronze de la catégorie des 60 kg, en gréco-romaine, des 17e Jeux méditerranéens de Mersin. C'est une sacrée performance car ce résultat a été obtenu dans un tournoi où étaient en compétition des athlètes européens mais également asiatiques. Il serait malvenu de diminuer du mérite de cet Algérien qui s'est certainement donné un mal fou pour aller glaner cette médaille. En tout cas, s'il y a quelqu'un qui doit manifester de la joie intérieure c'est bien Rabah Chebbah, le président de la Fédération algérienne des luttes associées. Nous l'avons rencontré dans la salle où se déroulait la compétition alors que Djediat venait de perdre un combat contre un Turc. «Nous sommes venus à Mersin dans le but de permettre à nos athlètes de se tester à un haut niveau, nous a-t-il dit. Je sais que remporter une médaille semble impossible mais sait-on jamais. Tout peut se produire en sport. Si nous venions à obtenir un podium ce serait un sacré coup de pub pour la discipline mais aussi un encouragement à tous les lutteurs algériens qui s'entraînent souvent dans des conditions difficiles.» Voilà donc cette discipline qui bouscule l'ordinaire et se présente aujourd'hui dans le groupe de celles qui ont donné des satisfactions alors qu'elle était habituée à des revers. «Vous savez, a ajouté Chebbah, nous avons raté les deux dernières éditions des Jeux méditerranéens au prétexte que nous n'avions pas une élite capable de bien s'en sortir. Mais quand est-ce que ces jeunes vont pouvoir se tester s'ils ratent de tels tournois ?» La lutte a donc fait le voyage de Mersin avec 6 représentants, 4 en gréco-romaine et 2 en lutte libre avec comme objectif d'apprendre d'abord puis de tenter un exploit. Djediat l'a réalisé cet exploit et voudrait ouvrir la voie à ses camarades qui essaient, tant bien que mal, de faire vivre ce sport dans leur pays. «Nous disposons d'une centaine de clubs répartis sur une douzaine de ligues, nous a dit Rabah Chebbah. Nous sommes en train de créer des pôles de développement dans des villes comme Alger, Oran, Annaba, Blida et Sétif. Nous procédons également à une vaste prospection chez les jeunes en vue de les intégrer dans des lycées sportifs ou dans l'Ecole des sports olympiques de Sétif. Au niveau des équipes nationales, nous avons recruté un Arménien pour les seniors alors que deux Cubains ont été affectés dans les sélections de jeunes. Je sais que ça ne va pas être facile, surtout que les clubs comme je vous l'ai dit ont de grosses difficultés à tenir la route, mais il faut y croire et ne pas baisser les bras.» Une chose est sûre, la médaille de bronze de Mouataz Djediat tombe à point nommé pour booster la discipline. Un coup d'éperon qui nécessite de la persévérance dans l'effort.