Enseignante-chercheur à la faculté des sciences humaines de Bouzaréah, dans la wilaya d'Alger, le docteur Fatima Oussedik pointe du doigt le silence des étudiantes victimes de harcèlement sexuel. «Ce phénomène dans les universités ne peut être résolu que par la dénonciation. Les étudiantes doivent faire preuve de combativité pour porter plainte. Elle peuvent également composer le numéro vert des victimes de harcèlement sexuel», a affirmé hier la sociologue Fatma Oussedik. Selon elle, «la peur empêche l'étudiante de dénoncer le harceleur», en expliquant que «cette appréhension est alimentée par le regard de la société et la crainte de mettre l'histoire dans l'espace public. En réalité, c'est un problème socioculturel». En outre, le docteur Oussedik a indiqué que «les étudiantes harcelées sexuellement sont fragilisées par rapport à leur entourage». Ainsi, «plus le mutisme perdure, plus les étudiantes en question renforcent leur statut de victimes», a-t-elle observé. S'agissant de la mise en place, fin 2008, de la charte de déontologie et d'éducation universitaire, notre interlocutrice a, sur ce point, estimé que «cet outil peut encourager le travail de sensibilisation. Le harcèlement sexuel est une violence symbolique. Il devient donc nécessaire de combattre tous ses aspects». Ceci étant, il est à noter que «27% des étudiantes sont victimes de harcèlement sexuel», selon une étude menée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Par ailleurs, elle s'est interrogée sur un éventuel consentement de quelques étudiantes en déclarant : «Comment une fille peut-elle accepter de monter dans la voiture de son enseignant, et par la suite se déclarer victime de harcèlement ?» Enfin, le docteur Oussedik a déploré «la passivité des organisations estudiantines qui ne jouent aucunement leur rôle».