La violence dans les campus universitaires a dépassé depuis longtemps le seuil de tolérance. L'un derrière l'autre, les drames s'enchaînent, faisant de ce milieu du savoir et de la science, d'échange d'idées et de débats un lieu honni où la violence semble s'enraciner. Pointé du doigt, sans cesse dénoncé, il n'empêche que le phénomène refait surface à un rythme accéléré. Nous n'avons pas fini de parler d'un acte qu'un autre survient dans une autre enceinte universitaire du pays. Le pourrissement qui ronge l'université s'est généralisé à tous les campus. Le fléau n'est pas propre à l'Algérois, mais à toutes les régions du pays. Cet espace ne se distingue plus de la société tant la violence y est aussi présente. Comme dans la rue, elle se manifeste de plusieurs manières. Par sa forme la plus banale, l'agression verbale, pour se terminer par des crimes crapuleux, en passant par les harcèlements sexuel et psychologique. Le dernier cas en date est un médecin de 47 ans exerçant depuis quelques mois dans cette résidence universitaire d'Ihaddaden, au centre-ville de Béjaïa, tué après une simple altercation verbale avec un responsable administratif. Quelques jours auparavant, c'était le campus Mohamed Seddik Benyahia de l'université Ferhat Abbas qui était le théâtre d'un autre crime. Un jeune étudiant de 20 ans, originaire de Bordj Bou Arréridj, a été égorgé par un autre étudiant dans la salle de travaux dirigés, devant une trentaine d'étudiants. L'année dernière, c'est un enseignant de Mostaganem qui a été poignardé par son étudiant. L'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès n'a pas échappé à cette sinistrose, occupant le devant de la scène par le crime crapuleux d'un étudiant par un autre. En 2005, les étudiants de la faculté des lettres de Bouzaréah ont fait une découverte macabre en arrivant sur les lieux. Une étudiante gisait dans une mare de sang. Les crimes étant l'expression la plus brutale de la violence, les autres formes comme les bagarres et le harcèlement sont monnaie courante. Des bagarres qui restent impunies par peur de représailles et qui bien souvent dégénèrent en des situations plus graves. Selon une enquête nationale réalisée par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), les cas de harcèlement sexuel dans les universités algériennes sont de l'ordre de 27%. Au chapitre du comportement des enseignants vis-à-vis des étudiants, 66% déclarent qu'il y a un respect entre les deux parties, 26% indifférents alors que 8% sont partagés entre mépris, violence et brutalité. Les cas de violence verbale représentent un taux de 44,6% alors que ceux relatifs au harcèlement moral sont de 33,2%. Concernant les auteurs des harcèlements, l'enquête dévoile que 65% des cas de harcèlement émanent des étudiants et étudiantes alors que 45% concernent les enseignants. Aussi bien l'enseignant, l'étudiant que les pouvoirs publics sont impliqués dans ce désastre dans lequel est plongé l'université algérienne aujourd'hui. Un constat d'autant plus juste qu'il vient de personnes qui font partie de la famille universitaire.