Le président d'honneur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) est mécontent de la gestion «opaque» de cette association qu'il a lancée avec d'autres militants, accablant dans la foulée l'ex-président Bouchachi Mostefa, député FFS, qui a supprimé «le contre-pouvoir que représente le comité directeur» et l'actuel président Noureddine Benissad qui «foule au pied les valeurs des droits de l'homme qu'il est censé incarner». «La Laddh est en état de léthargie, de paralysie même, il faut la remettre en mouvement», explique d'emblée Me Ali Yahia Abdenour, dans une longue lettre ouverte adressée à l'actuel président de l'organisation, dans laquelle il dresse un constat sévère fait de critiques et d'accusations à l'encontre des anciens et nouveaux responsables, qui sont, selon lui, à l'origine de la crise que traverse la Ligue. Tout a commencé, à ses yeux, par le changement des statuts décidé lors du troisième congrès de la Laddh en 2010, avec l'arrivée de Mostefa Bouchachi. Ce dernier acquiert «tout le pouvoir». «Le comité directeur, qui est l'exécutif de la ligue, n'est plus élu par le conseil national, mais désigné par le président.» Une «concentration» de pouvoir qui supprime le «contre-pouvoir» que représentait le comité directeur. «Les militants souffrent des coups portés à la Ligue par Bouchachi (aux mains duquel sont concentrés tous les pouvoirs), du mal qu'il a fait en désignant un comité directeur», accuse-t-il. Mustapha Bouchachi, qui démissionne pour se porter candidat aux législatives sur la liste FFS d'Alger, «avait la haute main sur l'argent de la ligue, avec le secrétaire général et le responsable des finances», accuse encore Ali Yahia, expliquant qu'ils ne se sont pas soumis à un contrôle financier par le comité directeur et le conseil national. «Président de la ligue, il va allègrement vers un parti politique et se présente à des élections, pour être membre du pouvoir législatif. Les militants des droits de l'homme ne sont jamais dans le pouvoir, toujours face au pouvoir», poursuit-il, avant d'expliquer que Kamel Eddine Fekhar, membre du comité directeur, l'a informé qu'il avait l'intention de déposer plainte «auprès de la justice pour détournement des fonds de la ligue par des personnes et à leur profit». «Il avait un argument sans parade : celui qui est au courant d'un vol est complice, s'il ne le dénonce pas», explique le président d'honneur de la Laddh. Ce dernier rappelle que ceux qui gèrent les finances de la ligue doivent être «au-dessus de tout soupçon, de tout doute, mais le doute s'insinue, s'infiltre, s'impose, car rien n'est fait pour l'écarter». Me Ali Yahia Abdennour n'oublie pas l'actuel président auquel est adressée la lettre ouverte qui, selon lui, «foule aux pieds les idéaux et les valeurs des droits de l'homme". Benissad n'a pas, selon le président d'honneur de la Laddh, apporté le changement escompté. «Le président de la ligue ne fait pas preuve de maturité et de responsabilité, en restant sourd aux appels qui lui demandent de procéder aux réunions régulières du comité directeur et du conseil national, et à l'application intégrale de leurs décisions, souvent confisquées», écrit Ali Yahia Abdenour, qui rappelle que lui aussi a désigné le comité directeur «qu'il veut seulement décoratif». «Il n'a à l'esprit qu'une seule urgence, qu'une seule obsession, maintenir le pouvoir dont il dispose sans partage, rester à la tête de la ligue et affaiblir ceux et celles qui le contestent, et faire taire les membres du comité directeur qui posent des problèmes», accuse-t-il même s'il ajoute qu'«il ne lui est pas fait un procès d'intention». Ali Yahia estime qu'il faut faire en profondeur un état des lieux de la situation de la Laddh. Une réunion demandée par quelques membres du comité directeur «dont les critiques sont faites dans une bonne intention» est, pour lui, «une urgence».