L'amendement de l'article 87 bis de la loi 90-11 d'avril 1990 relative aux relations de travail annoncée encore une fois ce samedi par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a suscité des réactions mitigées de la part des chefs d'entreprise et de la part des syndicats des travailleurs.Annoncé depuis plus de deux années, aussi bien par le ministre du Travail que par le secrétaire général de l'UGTA, cet amendement tarde à être abordé. Mais cette fois, M. Louh affirme qu'il sera débattu lors de la prochaine tripartite prévue en septembre. Un membre du secrétariat national à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qui a requis l'anonymat, a affirmé hier au Temps d'Algérie que l'abrogation de cet article est prévue puisque, dira-t-il, «il s'agit d'une décision du président de la République». Il rappellera que Tayeb Louh qui a toujours déclaré que l'amendement de l'article en question n'est pas à l'ordre du jour, a concédé cette fois-ci que la tripartite penchera sur sa révision. Toutefois, les syndicats autonomes n'affichent pas leur enthousiasme. Ils sont plus que convaincus que «l'abrogation de cet article, entérinée lors de la dernière tripartite, ne sera jamais appliquée». Le salaire national minimum garanti, prévu par l'article 87 bis, comprend le salaire de base, les indemnités et les primes de toute nature, à l'exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur. Dans l'esprit de cette révision envisagée, le SNMG sera fixé désormais à 18 000 DA net sans les primes et indemnités. Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), s'exprimant au Temps d'Algérie à ce sujet affirme : «C'est l'éternel recommencement.» Plus précis, il rappelle que «le gouvernement a annoncé l'amendement de l'article introduit durant l'exercice d'Ahmed Ouyahia, depuis plusieurs années, mais qu'il n'y a jamais eu de suite». «Ce sont des subterfuges», estime-t-il, «puisque cette décision dérange ceux qui siègent à la tripartite et l'UGTA fait le dos rond». En ce qui concerne les chefs d'entreprise, la décision ne les arrange pas, puisqu'elle impliquerait des augmentations salariales. Le président du FCE, Réda Hamiani, a soutenu récemment que «le relèvement salarial suite à l'abrogation de cet article va pousser les salaires du bas vers le haut». Son incidence est donc évaluée «à 20% d'augmentation qui toucheront tous les salaires». Il a précisé que «les entreprises qui se portent bien financièrement, à l'image de celles de l'agroalimentaire et du bâtiment, n'auront aucune crainte quant à la prise en charge de ses retombées financières. Mais beaucoup d'autres auront du mal à recalculer leurs salaires, selon la révision envisagée». Selon le président du FCE, «les conséquences de ces hausses indirectes soulèvent un autre problème, puisqu'elles interviennent dans un contexte de poussées inflationnistes induites par les relèvements des salaires intervenus en 2011». Quoi qu'il en soit, Tayeb Louh avait fait auparavant état de «l'achèvement de la préparation des propositions d'amendement dudit article, engagée conjointement entre son département et les partenaires sociaux», en précisant que le dossier y afférent se trouve au niveau du Premier ministère.