La situation qui prévaut dans les hôpitaux et les centres de soins à travers la wilaya de Tizi Ouzou préoccupe et inquiète sérieusement le collectif des étudiants en médecine ainsi que l'Observatoire des droits de l'homme (ODH). Ils estiment que les prestations et les conditions de prise en charge des patients, notamment les malades chroniques et les personnes âgées, sont peu reluisantes. La sonnette d'alarme a été tirée hier dans une déclaration rendue publique et un appel à une pétition est lancé dans l'espoir de sensibiliser les autorités concernées, notamment les responsables du secteur de la santé, pour se pencher sur les nombreux problèmes qui persistent dans les nombreuses structures sanitaires de cette wilaya. «Nous, citoyens algériens, conscients de la gravité de la situation dans nos hôpitaux, rappelons la nécessité d'une mobilisation massive de la population afin de réclamer une meilleure prise en charge de nos malades et de meilleures conditions de soins ; il s'agit là de dignité humaine, prioritaire dans toute société moderne», peut-on lire en préambule de la longue déclaration signée par l'ODH de Tizi Ouzou. Plus loin, les rédacteurs de la déclaration estiment que les droits les plus élémentaires des malades, qui sont mentionnés d'ailleurs, sont «bafoués» au quotidien. «L'aspect le plus grave et le plus révoltant, nous semble-t-il, est évidemment la prise en charge médiocre, voire inexistante, des malades atteints de cancer. Pendant qu'ailleurs dans le monde, certains cancers reculent grâce à une prise en charge de plus en plus précoce et des techniques de dépistage de plus en plus performantes, nos malades affrontent l'absence de centres de radiothérapie et les pénuries récurrentes des produits de chimiothérapie, qui ne leur laissent presque aucun espoir de guérison», constate amèrement le collectif. Environ un millier de signatures sont recueillies quelques heures seulement après le lancement de la pétition. Le système de santé en Algérie est remis, une fois encore, en cause par les initiateurs de cette pétition qui semble trouver un écho favorable auprès de la société civile. La construction d'hôpitaux, une urgence Plusieurs carences sont soulevées et la lenteur des responsables du secteur à réagir devant cette situation est mise en exergue. Comme solution, le collectif d'étudiants en médecine estiment qu'il est plus qu'urgent de construire d'autres hôpitaux à travers tout le territoire national, notamment dans la région du Sud afin de désengorger la pression exercée sur les CHU du nord du pays. «Dans certaines régions, les malades doivent parcourir des centaines de kilomètres pour espérer être soignés. La construction d'hôpitaux dans les régions du Sud est une urgence, tout comme l'installation de médecins à long terme doit y être encouragée. Les CHU du Nord n'arrivent pas à répondre aux besoins de tous les malades qui se présentent, les grandes villes, y compris la capitale, ont aussi besoin de nouvelles structures de santé», indiquent les protestataires qui révèlent la souffrance endurée par la population dans les hôpitaux et autres structures de soin. La formation du personnel médical aussi figure parmi les exigences de la déclaration. «Pour finir, nous insisterons sur deux autres nécessités absolues de changement, la médecine d'urgence et la prise en charge des personnes âgées. Les étudiants en médecine, qui sont appelés à prendre la relève, notent que «les victimes d'accidents de circulation, tristement fréquents chez nous, d'accidents de travail ou de toute autre situation nécessitant des soins en urgence, arrivent rarement à temps à l'hôpital. Il est indispensable d'augmenter le nombre d'ambulances médicalisées afin d'améliorer les conditions de transport de ce type de malades, souvent évacués par des citoyens, d'acquérir aussi des hélicoptères médicalisés afin d'agir plus rapidement et plus efficacement, de former plus de personnel qualifié pour ce genre d'interventions. Les victimes d'accidents graves doivent avoir toutes les chances de survie de leur côté, l'Etat doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour ça, chaque vie humaine étant précieuse». Les initiateurs de la pétition espèrent que leur cri de détresse trouvera enfin une oreille attentive.