Décidément, rien ne semble pouvoir dissuader les jeunes algériens qui tentent de regagner l'autre rive de la Méditerranée, même en ce mois sacré du Ramadhan. Ce mois sacré ne semble pas pouvoir détourner cette jeunesse de son but, qui est de quitter le pays au péril de sa vie pour rejoindre l'Europe. Ce continent fait toujours rêver les jeunes Algériens, alors qu'il connaît depuis 2010 une crise économique aiguë. Mieux, le phénomène de la harga semble avoir repris de plus belle ces derniers jours au large des côtes est algériennes. Jeudi dernier, deuxième jour du Ramadhan, un groupe de 25 candidats à l'émigration clandestine, âgés entre 25 et 35 ans, a été intercepté à une vingtaine de milles marins au large de la ville d'El Kala (w. d'El Tarf), selon le groupement territorial des gardes-côtes de Annaba. Les 25 harraga tentaient de rejoindre les côtes italiennes à bord d'une embarcation de fortune, lorsqu'ils furent interceptés et arrêtés par les éléments de l'unité de surveillance des gardes-côtes basée à Cap Rosa, près d'El Kala. Ils ont été conduits à la station marine des gardes-côtes à Annaba, où ils ont subi une visite médicale avant d'être présentés devant le procureur de la République près le tribunal d'Annaba. Il est toutefois certain que l'amélioration des conditions climatiques enregistrée ces derniers jours ravive le désir des harraga de mettre les voiles vers des horizons qu'ils pensent meilleurs. Ne se souciant ni de leur vie ni de la peine infligée à leurs parents et proches, ces candidat à l'immigration clandestine «inconscients» sont souvent la proie d'une mort fatale. Certains d'entre eux embarquent pour la première fois, d'autres ne désespèrent pas après de précédentes tentatives. De leur côté, les pouvoirs publics, malgré la promulgation d'une loi incriminant l'acte de harga, n'arrivent pas à juguler le phénomène. 400 jeunes ont été déjà présentés à la justice. Il y a quelques jours, un terrible drame a coûté la vie à un jeune harag. Drame à Ras El Hamra En effet, un affrontement en haute mer entre les gardes-côtes et un groupe de 6 candidats à l'émigration clandestine a fait 2 morts et 4 blessés. Le drame a eu lieu lorsque des gardes-côtes ont tenté d'intercepter une embarcation de fortune transportant 6 personnes âgées entre 18 et 27 ans, toutes originaires de la wilaya d'Annaba, qui voulaient se rendre en Sardaigne. Les harraga auraient refusé d'obtempérer aux injonctions des éléments de la Marine nationale qui leur demandaient de faire demi-tour, ce qui les amena à procéder à des tirs de sommation. Alors que les occupants de la barque, déterminés à poursuivre leur voyage, auraient foncé directement sur les gardes- côtes, l'un des militaires aurait ouvert le feu, visant, semble-t-il, le moteur, mais la fusillade devait atteindre trois d'entre les jeunes harraga, tuant sur le coup l'un d'entre eux et blessant, à divers niveaux du corps, ses deux compagnons, alors que la collision a tué un des éléments des gardes-côtes. Une autre embarcation de 17 candidats à l'émigration clandestine a été arraisonnée par les gardes-côtes à 5 milles au nord-est de Ras El Hamra, le même jour. Ils avaient quitté la plage d'échouage de Sidi Salem avant d'être rattrapés par les vedettes de la marine. Afin de mettre un terme à ce phénomène qui ne connaît pas vraisemblablement de répit, les autorités publiques ont, en plus de la promulgation de la loi incriminant la harga, mis en place une autre mesure en renfort, celle consistant à mobiliser des gardes communaux sur les plages non surveillées, avec pour mission d'empêcher toute embarcation de candidats à la harga. Par ailleurs, les embarcations continuent d'être mises à l'eau. Des individus de tous âges et sexes confondus s'aventurent à bord d'embarcations de fortune et continuent de risquer leur vie. Certains sont secourus, d'autres morts avant l'arrivée à l'eldorado rêvé. Depuis quelque temps, des harraga ont trouvé une nouvelle route vers l'Europe, la Tunisie, pays proche de l'île italienne de Lampedusa. Les 167 kilomètres qui séparent par mer la Tunisie de Lampedusa constituent une grande tentation pour les harraga algériens, tunisiens et autres en provenance d'Afrique subsaharienne.