La réforme budgétaire engagée en Algérie depuis l'année 2000 ne sera achevée qu'en 2012 pour permettre le passage du système actuel, où le ministère des Finances alloue des budgets, à un système où il va allouer des sommes pour réaliser un programme ou des politiques publiques. Des groupes d'études sont déjà installés pour mener à bien ce processus qualifié de complexe. Expliquant la longueur du délai requis pour concrétiser cette réforme, des responsables au ministère des Finances ont précisé que même dans les pays développés, il a fallu des nombreuses années pour atteindre cet objectif. D'ailleurs, le ministère des Finances n'a pas hésité à inviter à Alger, au début de ce mois, des spécialistes dans ce domaine, venus du Maroc et de France pour relater les expériences de leurs pays respectifs car il est impensable, selon ces mêmes responsables, de finaliser cette réforme sans se référer à l'expertise internationale. Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a bon espoir que la refonte du mode de gestion budgétaire puisse promouvoir la culture du résultat et asseoir une meilleure gouvernance budgétaire. Ces objectifs ne peuvent être atteints que si la responsabilisation des gestionnaires de programmes est instaurée, car elle devrait favoriser la prise de risque. C'est une transformation importante pour sortir de la pratique de chefs de projet qui reçoivent des enveloppes budgétaires sans être comptables de l'exécution des projets. A l'avenir, les différents secteurs devront indiquer leurs programmes au préalable et doivent avancer les montants nécessaires à leur réalisation, comme il leur sera d'abord demandé pourquoi ils veulent obtenir cet argent. La réforme sera aussi un moyen de mieux orienter et cibler les opérations de contrôle effectuées par les services du ministère ou par l'Inspection générale des finances. Les efforts seront orientés vers des contrôles axés sur la performance et non plus sur la régularité, même si ces derniers vont demeurer effectifs. Au lieu d'un contrôle systématique, la réforme aura pour mission de promouvoir un contrôle plus sélectif, qui sera sûrement moins coûteux. La priorité sera accordée aux résultats des projets financés par l'Etat. Une fois que la réforme sera appliquée, il est attendu aussi que l'information puisse circuler plus rapidement entre le gestionnaire et le comptable afin d'éviter les retards dans la dotation des budgets. C'est pour cette raison que les responsables du ministère des Finances soulignent que l'information est l'un des plus grands chantiers dans cette réforme.