Le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant au sein du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda, a demandé mardi la formation d'un nouveau cabinet d'union nationale pour répondre à la crise et au terrorisme. "J'ai envisagé de démissionner avec d'autres dirigeants de l'appareil sécuritaire mais vu la conjoncture actuelle, j'ai décidé de continuer jusqu'à la formation d'un gouvernement impliquant tous les partis qui doivent dépasser leurs égoïsmes pour relever les défis et combattre le terrorisme", a-t-il dit à l'antenne de la radio Mosaïque FM. Cette déclaration n'a pas été assortie d'un ultimatum au Premier ministre Ali Larayedh qui a exclu lundi de dissoudre son cabinet. Selon M. Ben Jeddou, l'appareil sécuritaire "est pris pour cible". "A chaque fois que la situation sécuritaire s'améliore, des parties inconnues mettent encore le feu dans le pays", a-t-il dit, citant l'assassinat du député Mohamed Brahmi et la mort de huit soldats lundi. M. Ben Jeddou, un ancien procureur à l'indépendance reconnue, a été nommé en mars à son poste dans la foulée de la chute du précédent gouvernement dirigé par Ennahda emporté par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. La crise politique actuelle a été déclenchée par l'assassinat jeudi de Mohamed Brahmi --un crime attribué à la mouvance salafiste-- et aggravée par la mort de huit militaires lundi dans une embuscade dans une zone où Al-Qaïda est actif. Le puissant syndicat UGTT et Ettakatol, parti laïque de centre-gauche allié aux islamistes d'Ennahda, ont aussi appelé à la formation d'un nouveau gouvernement sans fixer d'ultimatum. Une coalition hétéroclite d'opposition réclame pour sa part la dissolution du gouvernement mais aussi celle de l'Assemblée nationale constituante. M. Larayedh, qui a rejeté ces revendications, a promis des élections le 17 décembre prochain.