La numéro deux du parti au pouvoir en Espagne, Maria Dolores de Cospedal, a nié mercredi l'existence d'une comptabilité occulte au sein de ce parti, lors d'une audition comme témoin par le juge qui enquête sur ce scandale. Lors de cette audition qui a duré deux heures et demie au tribunal de l'Audience nationale à Madrid, Maria Dolores de Cospedal "a nié fermement l'existence d'une comptabilité B et a nié avoir perçu de l'argent" non déclaré de la part de son parti, a déclaré à la presse une source judiciaire présente à l'interrogatoire. Le nom de Maria Dolores de Cospedal, secrétaire générale du Parti populaire (PP) depuis juin 2008, est apparu à côté de celui du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, dans une liste de dirigeants de ce parti de droite soupçonnés d'avoir reçu des sommes non déclarées versées par Luis Barcenas, ex-intendant puis trésorier du PP entre 1990 et 2009. Luis Barcenas, en prison depuis le 27 juin pour une autre affaire de corruption, avait déclaré, lors d'une audition le 15 juillet devant le juge Pablo Ruz, avoir versé, en 2010, 25.000 euros en billets de 500 euros à Mme de Cospedal. Il avait ce jour-là confirmé l'existence d'une comptabilité B alimentée par des donations d'entreprises privées et déclaré que "tous les dirigeants du parti recevaient des enveloppes" contenant des compléments de salaires. La secrétaire générale, qui est également présidente de la région de Castille-la-Manche, a cependant assuré mercredi devant le même juge que le contrôle des donations du parti était "de la compétence exclusive de la trésorerie", et qu'elle-même n'intervenait pas dans ce domaine, selon la source judiciaire. Selon le journal El Mundo, Mme de Cospedal aurait, outre les 25.000 euros, reçu 45.000 euros en 2009 et 2010, tout comme Mariano Rajoy, qui préside le Parti populaire depuis 2004. La justice s'intéresse également au versement, en 2007, d'une commission de 200.000 euros au Parti populaire de la région de Castille-la-Manche, que présidait déjà Mme de Cospedal. Cette commission aurait été versée par une entreprise privée en échange de l'octroi d'un contrat pour la municipalité de Tolède, la capitale régionale, et aurait selon la presse servi au financement de la campagne de Mme de Cospedal pour les élections régionales de 2007, remportées par les socialistes. Le juge a cependant renoncé à entendre Mme de Cospedal sur ce volet de l'affaire, "qui peut être de la compétence d'un autre tribunal car y apparaissent différents élus", a ajouté la source judiciaire. Quelques dizaines de manifestants ont accueilli mercredi matin Mme de Cospedal à son arrivée au tribunal, aux cris de "Rajoy et Cospedal, à Soto del Real", une prison voisine de Madrid où est déjà incarcéré Luis Barcenas. Les révélations distillées depuis le mois de janvier par la presse puis l'enquête ouverte par la justice ont jeté le soupçon notamment sur Mariano Rajoy, qui a dû s'expliquer publiquement, le 1er août, devant les députés. Il avait alors affirmé "s'être trompé" en faisant confiance à Luis Barcenas et avait exclu de démissionner, comme le réclame l'opposition.