Des affrontements ont opposé dans la nuit de jeudi à vendredi des manifestants à la police dans des villages chiites de Bahreïn, où les forces de l'ordre avaient empêché cette semaine la tenue de rassemblements contre la monarchie sunnite, selon des témoins. "A bas Hamad", scandaient les manifestants, en référence à Hamad ben Issa Al-Khalifa, le roi issu de la dynastie sunnite des Al Khalifa qui règne à Bahreïn, dont la majorité de la population est chiite. Les manifestants ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les policiers qui ont riposté à coups de grenades lacrymogènes, de bombes assourdissantes et de tirs à la chevrotine, ont indiqué ces témoins sans faire état de victimes. Les protestataires étaient descendus dans les rues des villages chiites entourant Manama à l'appel du groupe radical du 14 février, un collectif qui organise la contestation via les réseaux sociaux. Le ministère de l'Intérieur a de son côté annoncé sur son compte Twitter que les "forces de sécurité se sont opposées à un groupe terroriste à Bani Jamra", un village chiite, et que "plusieurs de ses membres ont été arrêtés". A Bilad Qadim, une autre ville chiite, "une bombe artisanale a explosé au moment où un groupe terroriste était en train de la déposer", selon le ministère. La police avait empêché mercredi des manifestants de répondre à un appel d'un groupe de l'opposition chiite, Tamarrod, de se rassembler près de l'ambassade américaine à Manama pour protester contre le pouvoir. Le groupe bahreïni Tamarrod s'inspire du mouvement égyptien du même nom, à l'origine d'une mobilisation monstre dans la rue ayant conduit l'armée à déposer début juillet le président islamiste Mohamed Morsi. Bahreïn, seule monarchie du Golfe dont la majorité de la population est chiite, est secoué par des troubles depuis février 2011. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au moins 80 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation animée par les chiites contre la dynastie des Al-Khalifa.