Les autorités bahreïnies ont annoncé mardi l'interdiction des manifestations à la suite d'une série de protestations de l'opposition chiite, parfois émaillées de violences, contre le pouvoir. Dans un communiqué publié à l'aube par l'agence officielle BNA, le ministre de l'Intérieur, cheikh Rached ben Abdallah Al Khalifa, a affirmé que cette décision avait été prise dans le but de préserver "la paix civile" dans le petit royaume du Golfe dirigé par une dynastie sunnite. Le ministre a souligné que les récentes manifestations de l'opposition, dirigée par la formation chiite Al-Wefaq, avaient été émaillées de violences et "d'actes de sabotage" et que les manifestants avaient "lancé des appels à renverser le pouvoir". "Suite à toutes ces violations qui menacent la paix civile (...) et la stabilité, il a été décidé d'arrêter toutes les manifestations et les rassemblements et de ne plus en autoriser jusqu'au rétablissement de l'ordre et de la stabilité", a affirmé le ministre. Les autorités avaient refusé d'autoriser une manifestation d'Al-Wefaq dimanche soir près du village chiite d'Eker, dans les environs de Manama, auquel un "siège" est imposé par les autorités selon l'opposition depuis une attaque à la bombe qui avait tué un policier le 18 octobre. Le mouvement d'opposition avait alors organisé, avec l'accord des autorités, un rassemblement près du village, au cours duquel des participants avaient notamment scandé "A bas Hamad", dans une référence au roi Hamad ben Issa Al Khalifa. Les manifestations s'étaient intensifiées au cours des dernières semaines, et la police avait notamment dispersé vendredi soir à Manama à coups de grenades lacrymogènes et de bombes assourdissantes des manifestants chiites réunis à l'appel du collectif du 14 février, plus radical que l'opposition traditionnelle. Bahreïn est secoué depuis l'an dernier par un mouvement de contestation, animé par des chiites, majoritaires dans le pays, qui réclament une monarchie constitutionnelle avec un Premier ministre issu de la majorité parlementaire. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), 80 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte.