En organisant, hier, cette journée scientifique on apporte la confirmation de son existence. L'Institut Pasteur d'Algérie, sous l'égide du ministère de la Santé, a organisé, hier, au Centre commercial d'El-Hamma (entre l'hôtel Sofitel et la Bibliothèque nationale), une matinée scientifique sur la leishmaniose. Pourquoi l'organisation de cette journée? Pourquoi la mise en application d'un programme de lutte contre cette infection maintenant, alors que celle-ci a atteint des proportions alarmantes en Algérie? Pourquoi les médecins, à travers le territoire national, ne se sont-ils pas sentis obligés de signaler les cas enregistrés, faisant une entorse, par la même, aux textes de loi? Pourquoi le ministère s'évertue-t-il à déclarer, en catimini, aux journalistes, que cette infection n'est pas mortelle? Autant de questions auxquelles aucune réponse précise n'a été fournie par la tutelle ou ses représentants lors de cette rencontre, lesquels se sont contentés de donner des explications techniques sur l'évolution, la détection, l'identification et la médication prescrite aux patients. On notera, néanmoins, l'absence de vaccin spécifique devant venir à bout de la résistance de l'infection dont les chiens et les rongeurs sont les vecteurs. Par ailleurs, les barrages et retenues d'eaux et les dépôts de détritus (manque d'hygiène) en certains endroits du pays, constituent des foyers de prédilection au foisonnement de phlébotomes (insectes porteurs et transmetteurs du virus). Des thèmes portant sur l'épidémiologie et sa situation en Algérie, la leishmaniose viscérale de l'enfant et cutanée (lésion ulcéro-cutanée laissant des séquelles aux personnes atteintes), le diagnostic biologique, le type des souches de leishmania, l'apport de la biologie moléculaire, la leishmaniose canine, le vecteur, et la lutte antivectorielle et les aspects actuels des leishmanioses ont été développés par des médecins sous la présidence des Prs.Belkaïd, Bouchène, Hamrioui et Adjmi. Il est vrai que devant la menace de cette épidémie dont plusieurs foyers ont été identifiés à travers le territoire, il serait judicieux de déclencher une lutte qui se traduirait par l'abattage systématique des chiens errants et des rongeurs et par des campagnes de vulgarisation et de sensibilisation sur les dangers de cette infection. La réhabilitation de certaines fourrières canines, fermées pour des raisons occultes, serait à souhaiter. Il serait utopique de dire que cette infection n'est pas mortelle puisque la forme de leishmaniose viscérale, dont les foyers actifs sont localisés au niveau des zones montagneuses de la Kabylie (Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira) et à l'Ouest (Oran et Tlemcen) ou, dans un passé récent, dans la ville de Tiaret qui avait enregistré un pic alarmant, laisse planer le doute en l'absence d'une politique de prévention. A ce titre, les pouvoirs publics et les services sanitaires devraient conjuguer leurs efforts pour endiguer ce mal. Le secteur de la santé, quant à lui, devrait fournir les outils de dépistage, rendre disponible le médicament adéquat et prendre en charge les malades. Les autres secteurs, tel celui de l'environnement, devront intervenir sur l'hygiène du milieu, sur la lutte antivectorielle à travers des campagnes de désinsectisation et de dératisation. Il est conseillé, en définitive, aux personnes se rendant dans les régions de Biskra, M'sila, Batna, etc. pendant la saison chaude (favorable à la transmission) de se protéger à l'aide de moustiquaires et autres pommades antimoustiques et insectifuges. Le fait de donner des conseils confirme, d'une manière implicite, l'existence de cette épidémie que seule la volonté de la tutelle peut anéantir.