Céramique de Nabeul, serviettes aux motifs colorés, tapis stylisés à la laine soyeuse, ce sont là quelques échantillons de cette superbe exposition... La Semaine tunisienne se poursuit à l'hôtel Safir-Mazafran de Zéralda, où règne une atmosphère particulière. Un public curieux et de plus en plus nombreux vient, chaque jour, faire connaissance avec les différentes facettes culturelles qui caractérisent la Tunisie. L'une d'elle est l'artisanat. Celle-ci est, en effet, à l'honneur sous ses différents aspects, traditionnels et créatifs, mettant en exergue une intelligence créative et une dextérité manuelle du produit artisanal. Empreintes de valeurs civilisationnelles, celui-ci a une présence remarquée, dans le vécu quotidien des Tunisiens comme élément décoratif important dans l'architecture intérieure des maisons. Le tapis est aussi le premier élément qui saute aux yeux lorsqu'on entre dans ce souk où l'on pourra apprécier un éventail de tapis aux multiples couleurs et à la matière noble et soyeuse (laine locale ou soie). Une pure merveille. La Tunisie est, en effet, réputée pour ses tapis, «mergoums», «klims» et autres tapisseries et tissage. De tout temps, du Nord au Sud, dans les villes et les campagnes, les activités de tissage foisonnent. Le tapis répond aujourd'hui à plusieurs types de motifs géométriques et floraux, soutenus par une gamme harmonieuse de couleurs. Il a connu une véritable mutation au niveau de la texture. Le plus original est incontestablement le «klim d'Ouled Bou-Saâd». Le tapis constitue désormais une source d'inspiration inépuisable pour les artistes et les peintres dont certains produits sont de véritables chefs-d'oeuvre. Pour découvrir les secrets du tissage, Mme Rabia Bounouh est là pour vous instruire sur ce métier séculaire auquel elle s'adonne depuis l'âge de 16 ans. Cela fait aujourd'hui 30 ans qu'elle réalise des tapis avec doigté et finesse. C'est la deuxième fois qu'elle participe à ce genre de manifestation en Algérie, avec joie et satisfaction. «Notre tapis est très prisé et demandé par les étrangers, notamment les Occidentaux», se plaît-elle à dire. Sa grande soeur pratiquait le même métier. Autre travail qui nécessite beaucoup de patience, est celui du fabricant de cage d'oiseaux précisément de Sidi Boussaïd. Des cages peintes en blanc et bleu conformément aux deux fameuses teintes de cette célèbre ville. Vous pourrez les admirer auprès de M.Laïd Msalet El Ouardi qui évolue dans l'artisanat depuis sa plus tendre enfance. «Ce travail est dur, car il demande beaucoup de temps pour assembler les matériaux, monter les différentes parties de la cage et puis l'orner comme il se doit», nous confie-t-il. Awatef Mekki, elle, peint sur plusieurs supports, notamment sur le tissu, le vitrail et les «biscottes» (poterie non cuite qui correspond à la 1re étape de la céramique). Artiste dans l'âme, Awatef prend la peine de dessiner des motifs «choisis dans le patrimoine culturel, pour la préservation de cet art», prévient-elle avec lucidité et naturel. Cela fait 15 ans qu'elle met son talent au service de l'Office national de l'artisanat et part, à chaque fois qu'on sollicite la Tunisie, lors des échanges culturels, exposer afin de faire partager aux autres son savoir-faire. Karim Djeyache, 32 ans, assis à la place qui lui est réservée dans l'hôtel, travaille tranquillement sa pâte devant se transformer plus tard en un très beau pot de fleurs. Il la malaxe avec ses doigts, l'humidifie pour lui donner la forme qu'il veut, le tout sous le regard complice des badauds. Cela fait 18 ans que Karim est artisan dans la céramique, une noble tâche héritée de son «grand-père dont le souci a toujours été d'inculquer à ses enfants l'amour de cet art pour le perpétuer aux générations futures», révèle Karim. C'est très tôt qu'il quitte l'école (niveau primaire) pour s'adonner entièrement à sa passion, qui constitue désormais son gagne-pain. Karim, qui est natif de Nabeul, située à 60 km de la capitale, a grandi dans cette ville réputée justement pour sa splendide céramique aux motifs chatoyants. Voilà des gens qui méritent du respect. Car au-delà d'un simple travail manuel, ce sont tout le patrimoine et les atouts civilisationnels de la Tunisie qui sont ici jalousement préservés.