Jeudi, tout le monde était unanime à qualifier la réforme du Code de la famille de «nécessité impérieuse». Dix-neuf ans après l'adoption du Code de la famille, l'Algérie s'apprête à faire son mea culpa et rendre à la femme algérienne ce que l'Islam et les droits de l'Homme universels lui procurent comme acquis. C'est du moins ce qui ressort des débats soulevés ces derniers jours par des voix officielles et appuyées par des spécialistes. Ce choix semble avoir aussi le consensus des politiques, ou plutôt d'une partie d'entre eux. Mais avant de tourner la page sur un texte critiqué, et parfois dénoncé par la société civile, il est important, à plus d'un titre, de se pencher sur ce code adopté en 1984. Qu'a-il apporté à la cohésion sociale? La question aussi logique qu'elle puisse paraître, est pourtant décisive pour la détermination du futur statut de la femme dans notre pays. Sachant pertinemment que parmi les rôles principaux d'un tel texte, c'est justement de s'ouvrir à la paix sociale dans son sens le plus large. Ne dit-on pas que la famille est le noyau de la société? Dans son intervention, à l'occasion de la journée d'étude sur «le Code de la famille dans le cadre du fiqh du droit comparé et de la pratique judiciaire», Mme Boutheïna, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition sociale, a déclaré qu'«il n'y a pas lieu de dénoncer le Code de la famille, car celui-ci est venu réglementer le statut personnel dans les années 80», précisant par la même occasion qu'«il est nécessaire de comprendre le contexte culturel, social et historique dans lequel il a été façonné». Mais certains experts sont allés plus loin, adoptant ainsi un discours plus clair et moins diplomatique et ce, en affirmant que le code de 1984 a été conçu par le législateur algérien comme une alternative à une situation d'urgence. D'une autre façon, le Code entrait dans le cadre d'un processus décidé par la politique de l'époque, qui visait à se démarquer des lois françaises. Toujours selon les experts, le texte actuel «ne brille guère par son efficacité» en raison de l'absence d'une approche claire de la part des politiques. Le texte fait aussi l'objet d'interprétations diverses et complexes, ayant pour origine les contradictions constatées au sein même dudit code. Parmi les points stigmatisés dans l'actuel texte, on retrouvera entre autres, le rôle du tuteur dans l'acte de mariage, les droits de la femme divorcée, etc. Jeudi, tout le monde était unanime à qualifier la réforme du Code de la famille «d'une nécessité impérieuse». Comment cette volonté va-t-elle se traduire sur le terrain? Ce dossier échappera-t-il aux surenchères politiques?