Cette démarche du pouvoir était animée principalement par le souci d'éviter les erreurs ayant conduit à l'échec. Les derniers développements intervenus sur la scène politique en Kabylie n'ont pas laissé indifférente l'opinion publique qui reste plus que jamais à l'écoute. Les reports successifs du conclave ordinaire de l'interwilayas prévu à Bouira, les déplacements des émissaires et d'une ONG à Béjaïa et les sorties médiatiques de certains acteurs restés jusque-là en marge des événements, témoignent d'une volonté sérieuse qui anime présentement les deux protagonistes en vue d'une solution au conflit. Même si le règlement de la crise par la voie pacifique est, désormais, chose acquise aussi bien chez les ârchs que chez les pouvoirs publics, il reste, cependant, à aplanir quelques malentendus qui subsistent encore. Ce qui ne saurait tarder eu égard aux déclarations des uns et des autres. La grève de la faim des détenus du mouvement semble, donc, avoir agi positivement sur les consciences de l'ensemble des acteurs intervenant directement ou indirectement dans cette crise de Kabylie. Eviter l'enlisement, qui ne profiterait à personne, paraît, à présent, l'unique souci qui préoccupe tout un chacun au lendemain de la cessation de la grève de la faim. D'un côté le pouvoir a dépêché sur le terrain ses émissaires avec pour mission de sonder les délégués par rapport au dialogue. N'ayant aucunement l'intention de «se substituer aux délégués» encore moins de «chapeauter ce dialogue», ces émissaires étaient chargés essentiellement de préparer le terrain à «un accueil favorable de l'invitation qui serait adressée à l'interwilayas en vue d'un dialogue portant sur la mise en oeuvre de la plate-force de revendications d'El-Kseur». Cette démarche du pouvoir était animée principalement par le souci d'éviter les erreurs ayant conduit à l'échec de la première expérience en matière de dialogue. Les pouvoirs publics veulent avoir le maximum «de garantie pour sa réussite». Ce qui explique les contacts secrets. Ces émissaires avaient aussi une autre mission, dépendant totalement de la réussite de la première, à savoir «la mise en place des préparatifs techniques pour l'accueil de la délégation de l'interwilayas». De leur côté les délégués du mouvement donnent l'impression de saisir le message distillé par la population à travers sa démobilisation. La concentration de leurs efforts autour de la réflexion dénote, si besoin est, l'option pour un changement de stratégie de lutte complètement différente de celle prônée jusqu'à ce jour. Aussi bien à Béjaïa, qu'à Bouira et Tizi Ouzou, les commissions de réflexion travaillent d'arrache-pied pour achever leurs documents respectifs portant sur des perspectives politiques avant la tenue de la rencontre de l'interwilayas qui promet, c'est le moins que l'on puisse dire, des surprises de taille à même de satisfaire toute la population. Concernant le dialogue, comme moyen d'aboutir à la solution du conflit, les animateurs les plus en vue n'ont jamais caché leurs «positions favorables». Ali Gherbi et Farès Oudjedi, pour ne citer que ceux-là, l'ont réaffirmé, au représentant de l'ICG. Tout comme le pouvoir, ils cherchent à se prémunir, eux aussi, des mauvaises surprises. Ce qui peut, aisément, être compris à travers les préalables avancés, lesquels préalables devront être satisfaits avant tout contact officiel. Dans ce sens, on parle de «la libération de tous les détenus à travers le pays et d'un communiqué engageant les autorités de l'Etat quant à la satisfaction des revendications». A la lumière de ce qui précède, on devine facilement qu'il suffit de peu pour décomplexer d'abord les rapports entre les deux parties et, partant, ouvrir la voie à un dialogue direct. Si pour la libération des détenus, les choses avancent dans le cadre de leur traduction devant les juges instructeurs, il reste ce geste des autorités qui, de l'avis général, est en mesure de dégeler le conflit. Ce communiqué officiel, tant réclamé, permettrait pour le moins de dévoiler les véritables intentions des uns et des autres.