C'est pour la première fois que le mouvement citoyen se penche avec autant de sérieux sur des perspectives politiques. Les délégués de la coordination intercommunale de Béjaïa s'étaient retrouvés dans la soirée de jeudi au centre culturel Mouloud-Feraoun à El-Kseur pour apporter les dernières retouches au document de réflexion portant sur l'ouverture et la concertation avec les partenaires sociopolitiques. C'est pour la première fois que le mouvement citoyen se penche avec autant de sérieux sur des perspectives politiques. Pas moins de trois longues réunions ont été consacrées à ce document, en plus de celles tenues au niveau des communes affiliées à la CICBéjaïa. C'est dire l'importance qu'accordent présentement les animateurs du mouvement à la réflexion. Ce document en est une preuve même si quelques insuffisances persistent encore, estiment beaucoup d'observateurs, allusion aux critères que doit satisfaire le partenaire pour avoir droit à la participation à la conférence ou le forum national. Aux yeux de ses concepteurs, «il est impératif de s'ouvrir, mais pas à n'importe quel prix», précise-t-on. «Ceux qui se sont opposés au mouvement ne sont, par conséquent, pas concernés», avait-on insisté au cours de la préparation du document en désignant la mouvance islamiste. Partant, de nombreux observateurs restent sceptiques quant au caractère national de cette initiative. Au-delà du document lui-même, il y a lieu de noter qu'à travers celui-ci c'est l'option du changement de stratégie qui se confirme. Au sein des ârchs de Béjaïa on ne veut plus «de surplace», qui avait conduit à l'impasse et aux dérives qui n'ont fait qu'enfoncer le mouvement citoyen. Pour revenir au document proprement dit, les rédacteurs l'ont scindé en trois parties importantes qui s'articulent autour de la genèse du mouvement, le constat dont les points faibles et les acquis du mouvement et enfin les perspectives. Concernant la genèse, les membres de la commission rappellent que «l'assassinat de Guermah et l'interpellation des lycéens n'étaient que la goutte qui a fait déborder le vase» en citant entre autres «le déni identitaire qui reste une constante du pouvoir algérien depuis l'indépendance», «le marasme social» et «l'instrumentalisation de la justice par le même pouvoir». Le constat fait des deux années de lutte est jugé «très positif» dans la mesure où il «a permis l'émergence d'une culture nouvelle de lutte pour la citoyenneté». On reconnaît, toutefois, les insuffisances liées essentiellement à «l'absence de la crème intellectuelle restée en spectateur». Concernant les perspectives, l'on retient «l'idée d'une ouverture sur la société et la classe politique» dans l'optique de «les associer et les responsabiliser pour l'aboutissement des revendications citoyennes reconnues légitimes par tous ces partenaires». Reste à définir un cadre adéquat lors du prochain conclave de l'interwilayas qui se tiendra jeudi prochain à Takerbouzte (Bouira). Par ailleurs, la polémique née autour de l'interdiction du journal La Dépêche de Kabylie à El-Kseur, a été soulevée. Après le constat du démenti formel présenté par le porte-parole du CSC d'El-Kseur quant à «une décision d'interdiction» qui reste, selon lui, «non fondée» et relève d'une «machination destinée à déstabiliser le mouvement à travers ces délégués les plus en vue», un conclave extraordinaire a été retenu pour demain. Il sera consacré spécialement à cette question.