«Il ne peut y avoir de dialogue sans la satisfaction des préalables.» Se conformant aux décisions entérinées lors du conclave «perturbé» tenu la semaine dernière à El-Kseur, les animateurs de la coordination intercommunale ont commencé, depuis jeudi dernier, à sillonner les localités de la wilaya suivant un planning de sorties publiques avec pour objet de «capitaliser l'élan de solidarité suscité par la grève de la faim des détenus, d'expliquer à la population les raisons ayant motivé les nouvelles orientations du mouvement par rapport à la concertation et l'associer dans ce projet». Dans la matinée de jeudi, Ali Gherbi et Omar Belazri étaient au rendez-vous avec les citoyens de la commune de Timezrit où ils ont animé un meeting populaire devant une assistance moyenne. Fidèles à leurs engagements, les différents intervenants n'ont pas raté l'occasion de réitérer leurs exigences quant à «la libération immédiate et sans condition des détenus du mouvement citoyen et la satisfaction pleine et entière des revendications de la plate-forme d'El-Kseur». Si pour cette première sortie de jeudi, les choses se sont relativement passées dans le calme, il n'en était pas de même pour celle programmée dans l'après-midi de la même journée à Aokas, sur la côte Est de Béjaïa. La police avait, en effet, signifié aux organisateurs que la rencontre qu'ils s'apprêtaient à tenir n'était pas autorisée. Selon des sources concordantes, l'information n'a pas été au goût des jeunes qui, une fois informés de l'interdiction, avaient violemment réagi en s'en prenant aux policiers. Les forces anti-émeutes ne tardèrent pas à entrer en action. Des échauffourées avaient alors éclaté pour durer environ une heure. On déplore 4 blessés et 2 arrestations. Par ailleurs, les animateurs de la commission de réflexion s'étaient retrouvés dans la soirée de jeudi au Centre culturel d'El-Kseur. A l'issue des travaux, une déclaration a été rendue publique. Les rédacteurs n'ont pas raté l'occasion de dénoncer le pouvoir qui «continue à réprimer les actions pacifiques du mouvement citoyen», allusion à l'interdiction du meeting qui devait avoir lieu à Aokas. La récente sortie médiatique des «émissaires du pouvoir», qui ont affirmé avoir pris langue avec des délégués communaux, n'a pas laissé indifférents les animateurs de la Cicb qui parlent, dans la même déclaration, «de la poudre aux yeux» destinée beaucoup plus à «brouiller les cartes politiques de la région de Béjaïa». Les délégués de la Cicb ont réaffirmé leur position «favorable au dialogue» avec, cependant, deux préalables: «La libération des détenus du mouvement citoyen à l'échelle nationale et un communiqué des plus hautes instances de l'Etat quant à l'engagement pour la satisfaction des revendications citoyennes.» Une délégation a été ensuite constituée pour prendre part à la cérémonie de recueillement sur la tombe du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance. Nous apprenons en dernière minute que le délégué Nacer Zerarga, plus connu sous le nom de William Wallace, interpellé lors des échauffourées qui ont eu lieu jeudi à Aokas, a été remis en liberté.