les relations entre les nouveaux élus et la population se sont, quelque peu détendues. Plus de trois mois après la tenue du dernier scrutin très controversé des locales, la vie suit son cours normal dans pratiquement toutes les communes de Kabylie avec, cependant, une différence de taille entre les municipalités où les élections ont pu se tenir en dépit du rejet des ârchs et celles où elles ont été tout simplement invalidées. Si dans les premières, les relations entre les nouveaux élus et la population se sont quelque peu détendues, il n'en est guère de même dans les autres où un certain regret se lit facilement sur les visages des citoyens. En effet, dans les municipalités où le scrutin a été validé, même si c'est avec un nombre de voix insignifiant, les choses semblent avoir retrouvé leur cours normal. Revigorés par l'incapacité des ârchs d'empêcher leur installation, les nouveaux élus ont, dès leur prise de fonction, assumé leur mission en dépit des menaces qui pesaient sur eux. Les efforts, fournis par les membres des nouvelles assemblées, ont fini par être payants, en témoignent les relations devenues plus qu'ordinaires entre eux et leurs concitoyens. Contraints d'agir au mieux en vue de redorer le blason, les nouveaux élus, toutes tendances confondues, ont réussi à effacer l'image qu'on avait donnée d'eux pour gagner peu à peu le respect de la population. En véritables politiciens, ils ont su, en peu de temps, regagner la confiance en attirant les citoyens vers eux par la prise en charge de leurs préoccupations, même si cela n'est toujours pas facile, notamment dans les communes enclavées. Avec l'aide d'une base militante dévouée, les élus assument désormais pleinement, leur statut. Même la mise en quarantaine prônée par les ârchs, ne semble, aucunement, les affecter. «Relever le défi» tel est leur leitmotiv. Le récent budget très conséquent, alloué à la wilaya de Béjaïa, n'a pas manqué de leur rendre le sourire et de les encourager, eux qui redoutaient le manque de moyens. Dans les autres «communes orphelines», pour paraphraser ce citoyen de Tifra, la situation est tout autre. En l'absence d'une solution de remplacement, promise par les coordinations des ârchs, s'est ajoutée cette gestion trop «autoritaire» et «peu efficace» des secrétaires généraux. Les informations que nous avons recueillies dans ces localités sans maire, dénotent un abandon flagrant que les citoyens subissent. Pour beaucoup d'entre eux, le mécontentement serait général. «On ne sait plus quoi faire ni à qui s'adresser», déclarait un citoyen d'un air désabusé. Les réponses du genre «Je ne suis pas votre élu!» sont très courantes, si l'on croit les propos de certains citoyens. Avec des pouvoirs très limités et sans ambitions politiques, les secrétaires généraux désignés en attendant l'organisation des élections partielles, peinent à venir à bout des nombreuses souffrances touchant au quotidien la population. De là à dire que les partielles se tiendront sans aucun problème, on en est loin, dans une situation caractérisée par un statu quo inquiétant. Une chose est sûre, les citoyens semblent avoir tiré la leçon qu'il faut à savoir de l'indifférence à tout ce qui se tramait sous leurs yeux.